Après les internes et les chefs de clinique, les chirurgiens libéraux battront le pavé parisien cet après-midi sous les fenêtres du ministère de la Santé. Ils ont entamé, lundi, une grève illimitée entraînant la fermeture de nombreux blocs opératoires, pour contester l’accord sur les dépassements d’honoraires.
Au total, une trentaine de syndicats (majoritairement chirurgicaux) ont apporté leur soutien au mouvement initié par le BLOC, syndicat majoritaire chez les spécialistes des plateaux techniques lourds. Selon cette organisation, la grève a été fortement suivie, avec 70 % des cliniques privées. Dans ces établissements, les interventions chirurgicales ont le plus souvent été déprogrammées et repoussées. Pour les urgences, les patients ont été dirigés vers les hôpitaux. La mobilisation a été importante dans les grandes villes de l’Hexagone (Paris, Lyon,Strasbourg...).
La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) estime que « deux tiers des 600 établissements privés MCO ont été impactés » par la grève des chirurgiens. L’Île-de-France a été fortement touchée (80 %), ainsi que Rhône-Alpes (60 %), la Normandie et le Languedoc-Roussillon (40 %).
La « porte ouverte » de la ministre.
Ces derniers jours, le gouvernement s’est employé à envoyer des signaux d’apaisement aux opposants à l’accord conventionnel, mouvement qui agrège les chirurgiens, les internes, mais aussi les médecins « pigeons ». La ministre de la Santé s’est d’abord adressée aux internes sur RTL puis France Info. « Le gouvernement n’a jamais eu la moindre intention de remettre en cause la liberté d’installation des médecins à l’issue de leurs études, a-t-elle affirmé. Il y a des rumeurs de ce type qui circulent entretenues sans doute par certains qui y ont intérêt ». Si une loi est bien en préparation pour lutter contre les déserts médicaux, elle ne reposera pas sur des mesures autoritaires.
Aux chirurgiens, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé qu’elle était prête à « regarder » la question du prix des assurances professionnelles des médecins « de plus en plus chères » (voir ci-dessous), qui a longtemps été une des revendications des spécialistes des PTL. Pour l’heure, il n’est pas question de revenir sur l’avenant 8. « C’est un bon accord qui permet d’abord d’encadrer, c’est-à-dire, d’interdire les dépassements abusifs », a réaffirmé Marisol Touraine. Pour autant, la ministre a ajouté que sa porte était « ouverte ». « Je souhaite que les discussions puissent être menées », a-t-elle ajouté. Quant à la question des tarifs, elle a reconnu que « les actes n’ont pas été revalorisés depuis des années ».
Soutien de l’UMP, pas des patients.
Le mouvement de contestation a reçu le soutien de personnalités politiques de l’opposition à l’image du secrétaire général de l’UMP. « On ne peut pas, en toute impunité, comme l’a fait la ministre de la Santé, stigmatiser une profession dans son ensemble et ensuite s’étonner de ses réactions. En quelques mois, elle a réussi l’exploit de se mettre à dos la quasi-totalité des médecins », a commenté Jean-François Copé. Le Parti socialiste a quant à lui réaffirmé que « la priorité est l’égal accès aux soins » et déploré « les revendications multiples et diverses, parfois entretenues par des rumeurs non fondées », mettent à mal l’avenant 8, un « accord de compromis satisfaisant » .
La grève des chirurgiens libéraux a enfin ravivé la guéguerre public-privé. La FHF a demandé aux préfets de « prendre les réquisitions nécessaires vis-à-vis des praticiens des cliniques ».
Les patients portent quant à eux un regard sans concession sur cette grève. « Que les grévistes se rassurent, ils pourront avec leurs pairs, empocher chaque année plus de 2 milliards de dépassements d’honoraires », déclare, acerbe, le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), estimant que la grève ne s’est pas déroulée dans l’intérêt des usagers mais dans celui de « certaines catégories ».
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