POUR LA TROISIÈME ANNÉE consécutive, 7 500 étudiants en médecine seront admis à franchir la première année commune aux études de santé (PACES). Selon plusieurs sources proches du dossier, le gouvernement ne souhaite pas augmenter les effectifs en formation dans les facultés de médecine.
Les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont pris en considération les mises en garde des doyens, des étudiants et des internes qui plaidaient pour une stabilisation du numerus clausus afin de préserver la qualité de l’enseignement. Joint par « le Quotidien », le ministère de la Santé n’a pas souhaité confirmer l’information à ce stade.
Diversifier le profil.
La dernière hausse du numerus clausus est intervenue lors de l’année universitaire 2011/2012 à l’initiative de Xavier Bertrand et de Laurent Wauquiez après trois années de blocage à 7 400. Les deux ministres UMP avaient dans le même temps relevé de 300 à 500 le nombre de places réservées en 2e année de médecine aux étudiants issus d’autres filières (ingénieurs, grandes écoles...). Le gouvernement envisage d’augmenter encore les effectifs de carabins recrutés grâce à ces passerelles afin de diversifier le profil des médecins, qui sont dans leur très grande majorité des titulaires d’un bac scientifique.
Mis en place en 1971 à un niveau impressionnant de 8 591, le numerus clausus a amorcé une lente décrue à la fin des années 1970 pour atteindre son étiage (3 500) en 1992. À compter de cette date, le nombre d’étudiants admis en 2e année a grimpé progressivement à 4 100 en 2001, 4 700 l’année suivante, 6 200 en 2005, 7 000 en 2006 pour arriver au seuil actuel de 7 500 (voir diagramme).
Un contingentement en question.
Depuis l’application de la directive européenne 2005-36, qui reconnaît la réciprocité des diplômes de médecine entre les pays de l’Union européenne, le numerus clausus est contourné de toutes parts par des étudiants qui partent se former par centaines en Europe (Belgique, Roumanie, Croatie...).
Le verrou du numerus clausus est aujourd’hui sérieusement remis en question, ne permettant plus de programmer aussi sûrement que par le passé la régulation du nombre de professionnels en exercice, les médecins s’installant de plus en plus tardivement en libéral, à 39 ans en moyenne, après une phase de remplacement. De plus en plus d’experts s’interrogent ouvertement sur l’opportunité du maintien d’un tel quota.
Certaines voix se font entendre pour demander dans un premier temps de l’assouplir. Il y a quelques jours, l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a suggéré que le numerus clausus soit adapté en accordant des places à des étudiants reçus-collés qui seraient autorisés à poursuivre leur formation s’ils s’engagent à s’installer dans un désert médical à l’issue de leur cursus. Cette proposition trotte dans la tête des doyens depuis plusieurs mois.
Le numerus clausus a été au cœur de la réflexion de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), qui réunissait ce week-end ses représentants à Lyon. Les ministères mais aussi l’Ordre des médecins ont été interrogés sur l’utilité du numerus clausus à l’heure où la France lutte contre la désertification. Le sujet sera au centre des débats lors des états généraux de la formation médicale organisés par la Conférence des doyens les 5 et 6 décembre à Bobigny.
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