TROIS ANS ET DEMI ont été nécessaires au Dr Daniel Wallach pour consulter les 8 681 numéros du « Quotidien du Médecin » parus entre le 30 janvier 1971 et le 18 décembre 2009 et écrire son nouvel ouvrage (1). Après une rapide présentation des études de médecine, le dermatologue de l’hôpital Tarnier Cochin présente l’instauration du numerus clausus. Le 23 octobre 1971, le « Journal officiel » publie l’arrêté qui fixe à 8 591 le premier numerus clausus ou plus précisément le nombre de postes de stages hospitaliers de DCEM2 ouverts pour l’année 1974-1975. C’est le début d’une longue saga. En 1973, le ministre de la Santé Michel Poniatowski redoute que la France forme des médecins sans débouchés. Cette même année, un éditorial du « Quotidien » intitulé « Chômeurs ? » s’inquiète pour l’avenir de la profession. Pour autant, en 1976, une commission santé dirigée par le Pr Étienne s’inquiète déjà d’une situation de pénurie médicale. Le livre du Dr Wallach pointe l’absurdité de certaines décisions politiques de l’époque et la schizophrénie d’une profession qui redoute le « chômage partiel » mais ne sait pas – déjà – comment recruter des médecins dans les zones rurales. Même l’association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), farouchement opposé au départ au numerus clausus, en viendra à défendre la sélection contre le chômage en 1977.
Médecins schizophrènes.
Le nombre d’étudiants admis en 2e année va considérablement baisser entre 1978 (7 853) et 1979 (7 121) puis 1980 (6 409). Le travail de sape des syndicats médicaux auprès des pouvoirs publics a payé. D’abord opposés à la sélection, les socialistes arrivés au pouvoir pratiquent la « supersélection ». À 5 900 en 1982, le numerus clausus s’effondre et passe à 5 000 en 1983 puis à moins de 4 500 en 1986. L’ouvrage montre comment les syndicats, toujours affolés par la pléthore, accentuent leur lobbying pour diminuer le numerus clausus à la fin des années 1980. En 1987, Michèle Barzach le fixe à 4 100. Les médecins sont invités à se réorienter. Les perspectives des 200 000 praticiens à l’horizon 2010 continuent d’effrayer. Des premières études commencent à évoquer une diminution du nombre de médecins dans les années 2020 mais le gouvernement continue de resserrer l’étau. 3 750 en 1991, 3 500 en 1992… C’est l’étiage d’un long fleuve tumultueux. À compter de cette date, le numerus clausus sera progressivement augmenté à 4 100 en 2001, 4 700 l’année suivante, 6 200 en 2005, 7 000 en 2006 pour arriver au seuil actuel de 7 400. Dans son ouvrage, le Dr Wallach explique comment les médecins sont confrontés à 3 obstacles pendant leur carrière. « Le numerus clausus est le premier d’entre eux à l’entrée des études. L’internat est un obstacle à l’entrée dans le 3e cycle tandis que la gouvernance hospitalière est un obstacle au fonctionnement démocratique des hôpitaux », explique le dermatologue. Le Dr Wallach s’attend à de nouvelles modifications difficiles à anticiper avec la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST).
(1) « Numerus clausus, pourquoi la France va manquer de médecins », du Dr Daniel Wallach, éd. Springer, 290 p., 15 euros, préface du Dr Gérard Kouchner.
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre