À CHAQUE GOUVERNEMENT, sa réforme. Après la loi d’autonomie des universités (LRU) de Valérie Pécresse à l’été 2007, le gouvernement Ayrault prépare pour le printemps une nouvelle réforme de l’Enseignement supérieur. Le projet de loi, dont « le Quotidien » s’est procuré une copie, prévoit un lifting des études médicales avec l’expérimentation de nouvelles « licences santé ».
Les présidents d’universités réclament cette licence santé pour « éviter l’orientation par l’échec en PACES (première année commune aux études de santé) ». Mise en place il y a trois ans, cette PACES n’a pas permis de limiter le gâchis humain. Les assises de l’enseignement supérieur, réunies en décembre, proposent d’accélérer l’intégration universitaire des formations sanitaires et sociales pour « regrouper toutes les études de santé au sein de l’Université ». Un récent rapport du député PS Jean-Yves Le Déaut préconise également la suppression du concours de première année et une spécialisation progressive au cours de la licence (Le Quotidien du 17 janvier).
Cursus commun ou professionalisation ?
Cette proposition met en émoi les doyens de médecine, de pharmacie et d’odontologie, soucieux de préserver les spécificités des études médicales, qui disposent d’un statut dérogatoire au sein des universités depuis les ordonnances Debré de 1958. Lors d’une réunion à Paris, un conseiller de Geneviève Fioraso au ministère de l’Enseignement supérieur s’est employé à rassurer les doyens. « L’UFR n’est pas remise en cause », a-t-il assuré.
Des propos qui ne suffiront pas à calmer les esprits. « Cette licence nous inquiète car nous n’en connaissons pas les contours », explique le Pr Robert Garcia, président des doyens en odontologie. « Une licence santé qui mettrait un numerus clausus à la fin de la 3e année ne résiste pas aux réalités », tempête le Pr Dominique Perrotin, président de la conférence de doyens en médecine. À la tête des doyens de pharmacie, le Pr Dominique Porquet s’oppose lui aussi à la mise en place d’un cursus commun pendant trois ans. « Cela retarderait l’entrée dans l’enseignement professionnalisant », explique-t-il.
Tout juste les doyens se disent-ils prêts à quelques expérimentations... « Ce projet de réforme soulève deux questions, analyse Pierre Catoire, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) : faut-il un tronc commun de connaissances et quand doit être réalisée la sélection ? »
Le débat sur les études médicales risque de rebondir. Les doyens plaident pour une sélection à l’entrée des études de santé (que refusent les étudiants). Ils sont par ailleurs favorables à l’entrée en 2e année de médecine d’un plus grand nombre d’étudiants issus d’autres cursus (passerelles). Les doyens devront en tout cas résister à l’offensive des présidents d’université désireux de reprendre la main sur les filières de santé qui séduisent chaque année de nombreux bacheliers.
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