Réforme du premier cycle en santé

Les doyens abattent leurs cartes

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Publié le 13/12/2018
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« Attention, ce n'est pas le rapport du Pr Jean-Paul Saint-André [ex-doyen d'Angers en charge du rapport sur la réforme du premier cycle], prévient le Pr Jean Sibilia, président de la conférence des doyens des facultés de médecine. Nous souhaitons exposer notre point de vue ».

Mardi, à Paris, les universitaires des filières santé concernées ont en tout cas exposé à grands traits plusieurs pistes afin de remplacer la Première année commune aux études de santé (PACES) et le numerus clausus. Cette réforme est programmée pour 2020.

La sélection à l'entrée, même indirecte, est écartée. « Contrairement à ce qui a été dit, il n’y aura pas de sélection au sein de ParcourSup », affirme le Pr Sibilia. L’objectif est bien de diversifier les profils et d'offrir une formation de qualité dans les quatre filières contingentées : médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique.

Dans les grandes lignes, les conférences des doyens souhaitent « sélectionner » une majorité (jusqu'à 70 %) des étudiants dès la fin de première année. Exit le redoublement synonyme de gâchis humain, place à la réorientation et à une éventuelle deuxième chance plus tardive. « L’étudiant aura droit à une deuxième chance mais nous ne souhaitons plus de redoublement en première année », confirme le Pr Sibilia.

Dans cette configuration, les conférences défendent un « contrat d’orientation progressive » où l’étudiant serait accompagné vers une autre licence ou un double cursus. « Après avoir fait mûrir son projet professionnel, l'étudiant (initialement collé) pourra retenter sa chance après une deuxième ou troisième année de licence » selon des conditions à définir, explique le Pr Sibilia. 

Mais une seconde grande voie d'entrée dans les études de santé serait possible. Une part non négligeable, soit « 30 à 40 % » des futurs professionnels, devront être issus d’autres univers (droit, économie, management, biologie, etc.). A cet effet, les doyens santé veulent que les universités soient libres de proposer en toute autonomie des cursus « teintés de santé » ou « licence mineure santé » permettant à des étudiants de s’intéresser aux métiers du soin en complément de leur formation initiale. Un possible tremplin vers les filières santé en quelque sorte. 

Le premier cycle en santé devra aussi favoriser les passerelles entre les filières santé facilitant « un droit au remords précoce » ou encore des « doubles cursus comme sciences Po/médecine »

Quelle méthode de sélection ? Les conférences s’entendent pour sortir du tout QCM. Les modalités de contrôle des connaissances seront discutées conférence par conférence. « On veut de l'équité, insiste le Pr Sibilia. Un système qui évalue mieux les aptitudes des jeunes ». Quant au contenu du premier cycle, les conférences fixent des thématiques fortes : éthique, pluriprofessionnalité mais aussi numérique.

Au-delà du volume d’étudiants à gérer, le calendrier de 2020 est très contraint. La conférence a proposé au gouvernement d’allonger le temps de réflexion d’une année supplémentaire afin d’être en phase avec la réforme du bac (2021) et de ne pas précipiter des décisions délicates.  

 

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9710