LE QUOTIDIEN - Les facultés de médecine sont-elles prêtes à accueillir les étudiants en première année commune à la médecine, la pharmacie, l’odontologie et la maïeutique, qui voit le jour mi-septembre ?
INGRID BASTIDE - Non, les facultés ne sont pas prêtes. Elles n’ont pas mis en place de logiciel informatique aidant à la gestion du choix de discipline à la fin de l’année. Nous avons alerté la Conférence des doyens à ce sujet. Nous redoutons également des problèmes logistiques. Des cours seront délocalisés dans les facs où il n’existait pas de cursus de pharmacie. Les doyens ont préparé la vidéotransmission sur des sites séparés. Cette rentrée a nécessité un investissement important. Il y aura en PAES davantage d’étudiants sur un même lieu. Même si l’appel d’air est limité, les effectifs pourraient augmenter de 4 ou 5 % par rapport à l’an passé.
Vous appréhendez des ratés ?
Oui, dans certaines facultés où était expérimentée la PAES, nous avons déjà observé l’an dernier des problèmes d’affichage de classements, d’organisation, de vidéotransmission. Les étudiants ont très peur d’essuyer les plâtres. Nous ferons un état des lieux d’ici à la fin de l’année dans toutes les facultés pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Nous espérons qu’il n’y aura pas trop de failles.
Cette première année va-t-elle vraiment permettre de limiter le gâchis humain ?
Le numerus clausus ne va pas augmenter indéfiniment et il y aura toujours autant d’étudiants qui n’auront pas le concours. Mais avec les réorientations précoces, nous espérons leur éviter de perdre un an ou deux. Nous allons également mettre l’accent sur l’orientation des lycéens que nous voulons mener en amont pour leur faire prendre conscience des difficultés et de la longueur des études de médecine.
Les réorientations seront obligatoires à partir de l’année 2012-2013. Que se passera-t-il cette année ?
Des facultés ont déjà mis en place des portes de sortie en facultés de sciences ou de droit. Le secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, Jean-François Bach, a été chargé par le ministère de l’Enseignement supérieur de déterminer les modalités d’admission des étudiants dans chacune des filières de réorientation. Nous souhaitons disposer à la fin de l’année de référentiels nationaux qui permettent aux facultés de mettre en place ces réorientations vers les sciences, le droit, les études paramédicales, le social, des BTS dans le domaine de la santé.
Le gouvernement va ouvrir 400 contrats d’engagement de service public pour lutter contre la désertification médicale. Les étudiants seront-ils intéressés par ce système de bourses ?
Pour l’heure, aucun contrat n’a été signé. Les étudiants qui ont des soucis d’argent pour financer leurs études se disent que c’est une piste envisageable pour devenir médecin. Les études de médecine sont longues. Quand on n’est pas issu d’une classe aisée, elles coûtent cher. D’autant que nous sommes peu payés avant d’atteindre l’internat. Il faut toutefois que les étudiants aient conscience des engagements qu’ils vont signer car même si la somme est très attractive (1 200 euros bruts par mois), les candidats n’auront pas le choix de leur spécialité - la grande majorité sera médecin généraliste - et ils devront s’installer dans une zone sous médicalisée. Ce contrat n’est pas à signer à la légère.
Les étudiants ont tout intérêt à ce que ce dispositif fonctionne, faute de quoi le gouvernement pourrait revenir à la charge contre la liberté d’installation…
Cet objectif de 400 contrats est réaliste mais il faudra une bonne communication et une information éclairée sur les tenants et aboutissements de ce contrat. Nous espérons que ce dispositif aura du succès. Ce qui est clair, c’est que les étudiants s’opposent aux mesures coercitives !
La réforme des épreuves classantes nationales (ECN) est-elle toujours à l’ordre du jour ?
Oui et c’est un des dossiers importants de cette année. Les doyens souhaitent une refonte des ECN du fait du nombre important d’ex-æquo. Ils réclament un examen plus discriminant. L’enjeu est de mener une réforme qui aboutirait à l’intégration des études médicales au cursus Licence-master-doctorat (LMD), que nous souhaitons. Sur ce point, la France est à la traîne.
Pour la première fois cette année, les internes vont choisir un DESC lors de leur choix de spécialité médicale ou chirurgicale. Quels sont les avantages de cette filiarisation ?
Ce système va permettre aux étudiants d’avoir une meilleure lisibilité sur les spécialités accessibles à la fin de l’internat. Cela permettra également aux pouvoirs publics d’ouvrir des postes d’internat par spécialité et par ville en fonction des besoins démographiques.
La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) prévoit l’ouverture de stages dans le privé qui devrait intervenir dans le courant de l’année. Qu’en pensez-vous ?
Nous sommes favorables à cette évolution qui permettra de désengorger certains stages hospitaliers. Toutefois, nous souhaitons que les étudiants en stage en périphérie soient remboursés de leurs déplacements et des frais engagés pour leur logement et leurs repas. Il faut une compensation financière.
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