DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
« NOTRE SYSTÈME DE SANTÉ est-il malade ? C’est à nous de le soigner ! ». C’est sous les applaudissements que Yann Zieba, porte-parole de l’ISNAR-IMG, a ouvert sur le mode offensif une table ronde au titre évocateur : « soignons la médecine générale ». À contre-courant de toute morosité, les jeunes internes ont échangé pendant plus d’une heure et demie sur leurs exigences et leurs propositions, avec différents partenaires institutionnels (Michèle Lenoir-Salfati, de la Direction générale de l’offre de soins - DGOS -, Pascal Hoste, directeur adjoint de l’ARS de Basse Normandie) et locaux (Sébastien Gicquel, directeur du Groupement de coopération sanitaire télésanté de basse Normandie, Alan Charissou, président du Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants - Reagjir).
Le guichet unique, vite.
Les jeunes médecins veulent avant tout de la simplicité dans leurs démarches et leur exercice. C’est une des raisons de l’engouement pour le remplacement après l’internat. Dans la salle, Virginie, interne en 5°semestre à Paris, interpelle Pascal Hoste (ARS) : « Comment connaît-on les réseaux qui existent dans nos régions ? » Quelques minutes plus tôt, Alan Charissou expliquait à un auditoire attentif les obstacles qu’il avait croisés avant de s’installer : Ordre départemental de la Meuse, ARS, anciens collègues rencontrés au cours de ses remplacements, personne n’a pu l’aider à identifier un territoire sous-dense où il pouvait s’installer. « Et rien dans notre formation ne nous prépare à cela ». Pour Pascal Hoste, le guichet unique, « un vrai pari », devrait mettre un terme à ces errances. « Il permettra d’identifier les territoires prioritaires, de déterminer des financements, d’assurer un logement au jeune installé ou encore de simplifier les relations avec le service des impôts et les caisses primaires ». « Une urgence », selon Alan Charissou.
Gagner du temps médical.
Le président de Reagjir a ensuite orienté le débat sur le partage des tâches avec des secrétaires médicales ou infirmières. « Je n’ai pas fait 9 ans d’études pour perdre mon temps dans la paperasse, je ne fais que de la médecine ! » Des propos accueillis par un murmure d’approbation. Pour dégager du temps médical, Alan Charissou a engagé, au sein de son centre de santé, une secrétaire médicale qui prend en charge les tâches administratives et parfois pèse ou toise le patient. « Je suis d’accord pour construire des professions intermédiaires de santé et développer la coopération interprofessionnelle », répond Michèle Lenoir-Salfati. Elle confirme au passage la mise en place prochaine d’un statut juridique unique pour les maisons de santé.
Autre sujet pris à bras-le-corps par les internes : l’informatisation. 95 % des sondés dans l’enquête de l’ISNAR-IMG (Quotidien du 24 janvier) sont favorables au dossier médical personnalisé (DMP) et 93 % aspirent à un réseau d’informations entre la ville et l’hôpital. « Mais qui garantit la sécurité des données ? », s’interroge Jérémy, interne à Caen. « L’ASIP santé sera la garante de la confidentialité », rassure Sébastien Gicquel.
La question de la formation a également été abordée. Les choses bougent sur ce terrain : augmentation prévue de 20 % des maîtres de stage dès cette année, mise en place d’une 4e année de spécialisation, affirmation du caractère obligatoire du stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée (SASPAS)… « Les outils sont disponibles ou vont l’être très prochainement », conclut Yann Zieba, « à nous de les développer ». Une réponse à l’injonction du Dr Antoine Leveneur, médecin généraliste, président de l’URPS de Basse-Normandie. « N’attendez pas tout des pouvoirs publics, c’est à nous médecins, d’être force de propositions » ! Les internes l’ont compris depuis longtemps.
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