En principe, c’est en novembre 2017 qu’entrera en vigueur la nouvelle maquette du DES d’oncologie médicale.
Aujourd’hui, on en connaît les grandes lignes, elle devrait être divisée en trois phases : deux ans de phase socle, deux ans d’approfondissement et un an de consolidation. « Mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour rédiger cette nouvelle maquette. L’orientation actuelle du projet va plutôt dans le bon sens. Elle est beaucoup plus cohérente que le projet qui était porté en 2014 et qui revenait à faire passer de 7 ans à 5 ans la formation des oncologues médicaux. Le seul point qui continue à poser problème est la disponibilité des postes pour les internes qui, à l’issue du DES, voudront faire deux ans de postinternat », explique Aurélien Gobert, président de l’Association d’enseignement et de recherche des internes en oncologie (AERIO).
La réforme du troisième cycle des études médicales est un vrai feuilleton au long cours. Elle a en effet été lancée en 2009 par Roselyne Bachelot avant de s’enliser au fil des changements de gouvernement. Le dossier a finalement été relancé en 2014 avec la remise d’un rapport des Prs François Couraud et François René-Pruvot. La réforme envisagée consistait alors à réduire la durée de tous les DES pour la ramener à 5 ans mais en intégrant une phase de « mise en responsabilité ». Concrètement, l’idée était que le DES d’oncologie soit organisé de la manière suivante : une phase socle de deux ans centrée sur l’acquisition des connaissances, une phase intermédiaire de deux ans avec, au terme de celle-ci, la rédaction du mémoire de spécialité. Et enfin, une cinquième année de « mise en responsabilité » avec un stage long, à vocation professionnalisante. L’objectif était qu’à l’issue du DES, l’interne soit suffisamment autonome pour exercer immédiatement.
7 versus 5 ans
Mais en pratique, à l’issue du DES, de nombreux internes font aujourd’hui un postinternat sous la forme d’un clinicat. Cette réforme revenait donc à comprimer en cinq ans ce qui aujourd’hui se fait le plus souvent en sept ans. Cette réduction du temps de formation a suscité une vive inquiétude des internes et du Collège national des enseignants en cancérologie. Une inquiétude également très présente dans d’autres spécialités, en particulier en chirurgie. « La réduction du temps de formation était un problème majeur. Il y avait aussi beaucoup d’interrogations et de problème légaux autour de cette cinquième année de mise en responsabilité », souligne Aurélien Gobert.
Les craintes des internes et des enseignants ont finalement été entendues par le gouvernement qui, en mars 2015, a annoncé la création de la Commission nationale des études de maïeutique, médecine, odontologie et pharmacie (CNEMMOP), désormais chargée de piloter la réforme du 3e cycle (voir encadré ci-contre).
Aujourd’hui, il est toujours prévu de diviser la maquette du DES d’oncologie en trois phases. « Il y aura d’abord une phase socle de deux ans centrée sur l’acquisition des connaissances. Elle sera suivie d’une phase de deux ans d’approfondissement puis d’une année de consolidation. À la fin de chaque phase, il y aura une évaluation des connaissances et des compétences acquises par l’interne. Cette évaluation sera faite à partir d’un référentiel européen », explique Aurélien Gobert, en précisant que l’interne passera, comme aujourd’hui, sa thèse à l’issue de cinq années de DES.
Disponibilité des postes
Il reste encore à définir de manière précise le contenu de cette cinquième année de consolidation. « L’idée est que l’interne puisse faire des activités qui vont correspondre à son exercice ultérieur : hospitalisation de jour, consultations ou accès aux réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) », souligne le président de l’AERIO. Ensuite, à l’issue du DES, les internes garderont la possibilité de faire un postinternat, soit sous la forme d’un clinicat, soit d’un assistanat. « Mais le problème sera la disponibilité des postes. Aujourd’hui, des places sont disponibles notamment en Ile-de-France mais c’est très loin d’être cas dans toutes les villes de France. Ce problème de la disponibilité des postes est un sujet de préoccupation majeur chez les internes en oncologie. On le voit chaque année dans les enquêtes que nous menons auprès d’eux. Avec l’augmentation importante du nombre d’internes au cours des dernières années, le risque est réel de ne pas avoir suffisamment de postes pour le postinternat. Et on risque de revenir à la situation antérieure, où le clinicat était principalement destiné aux internes qui se destinaient à une carrière universitaire ou à la recherche », souligne Aurélien Gobert.
Spécialistes d’organes
Un autre sujet d’interrogation concerne la mise en place prochaine des Formations spécialisées transversales (FST), qui vont remplacer le DESC et la validation des acquis de l’expérience (VAE). « À l’avenir, ce sont ces FST qui permettront aux spécialistes d’organes d’obtenir le droit à la primoprescription de chimiothérapie. Il y a aussi une volonté de certaines spécialités médicochirurgicales, comme l’urologie ou l’ORL, d’obtenir cette compétence médicale pour pouvoir prescrire le traitement médical du cancer », indique Aurélien Gobert.
Selon lui, cette évolution amène à s’interroger sur la place de l’oncologie médicale dans la prise en charge des patients atteints de cancer. « Grâce aux différents plans cancers, on a augmenté le nombre d’internes en oncologie. C’est une excellente chose. Mais tout cela s’est fait sans une réelle évaluation des besoins à venir et de la place des oncologues par rapport aux spécialistes d’organes. Aujourd’hui, selon les chiffres des ARS, la prise en charge des cancers est assurée pour un tiers par les oncologues et pour les deux-tiers, par des non-oncologues. Certes, personne ne conteste le rôle important que jouent les spécialistes d’organes dans la prise en charge des patients. Mais à force de multiplier les formations complémentaires, on risque de brouiller la lisibilité du dispositif et de marginaliser l’importance des oncologues médicaux. Ce qui serait regrettable à un moment où les traitements médicaux sont de plus en plus complexes et pointus », estime le président de l’AERIO.
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