Après avoir mené une enquête nationale à laquelle ont répondu 1 452 internes, l'ISNI publie en marge de son congrès, qui se tient ce samedi 26 novembre à Poitiers, un rapport de plus de cent pages dans lequel il liste les actions prioritaires à mener pour renforcer l'attrait de l'hôpital public auprès des jeunes médecins.
Sur les 172 mesures des précédents rapports rédigés sur ce sujet majeur par le Centre national de gestion, la Fédération hospitalière de France, le ministère de la Santé ou l'ex sénateur Jacky Le Menn, seulement cinq étaient destinées à l'internat, observe l'ISNI.
Les conditions de travail, la priorité des internes
Invités à noter sur une échelle de 1 à 10 les mesures jugées les plus importantes pour rendre la carrière hospitalière séduisante, les répondants ont placé le respect du repos de sécurité après une garde comme critère numéro un avec une note de 9/10. Selon les résultats de l'enquête, cette plage de 11 heures de repos après 24 heures de travail n'apparaît pas comme prioritaire chez les internes des spécialités chirurgicales. Mis en place en 2002, le repos de sécurité n'est toujours pas appliqué dans l'ensemble des CHU, rappelle l'ISNI. Le syndicat préconise de mettre en place des « tableaux de service pour les internes et de travailler sur l'organisation de la permanence des soins dans chaque service afin d'éviter des situations de sous-effectif qui obligent certains internes à rester après une garde ».
De manière générale, les internes estiment également cruciale l'amélioration de leurs conditions de travail. L'ISNI suggère l'aménagement d'un espace de repos et d'un bureau dédié aux internes dans chaque service « utile aux échanges collégiaux concernant les patients, au travail de recherche et à une amélioration de l'efficacité des tâches administratives pouvant être réalisées à l'écart de la vie du service ». Il plaide aussi pour l'accès à une crèche pour les jeunes parents et à une place de parking pour gagner du temps.
Un meilleur encadrement des stages
Avec une note de 8,9/10, la formation en stage et hors stage est un autre point majeur susceptible de rendre plus attrayant l'hôpital aux yeux des jeunes médecins. Pour le syndicat, un meilleur encadrement dans les services s'impose. « Cela implique que les responsables soient joignables en permanence pour répondre aux interrogations des internes, que des visites professorales ou des séances de formations soient organisées », note l'ISNI. Pour améliorer la formation hors stage, le syndicat souhaite que les coordonnateurs responsables d'une spécialité organisent un enseignement théorique sur la durée d'un stage.
Améliorer la gestion du temps de travail
L'allégement des tâches administratives est aussi considéré comme une mesure positive. L'ensemble des sondés a attribué une note de 8,7/10. Selon l'ISNI, cette mesure permettrait de recentrer la pratique sur le versant médical et d'améliorer la gestion du temps de travail. L'ISNI propose « l'utilisation et l'intégration d'outils numériques compatibles entre eux ».
Revaloriser les rémunérations dans le secteur public
La rémunération des gardes et des astreintes est également capitale pour les internes (8,6/10). Au sein des spécialités chirurgicales l'ordre d'importance diffère puisqu'elle représente pour les interrogés la mesure d'attractivité la plus importante avec une note de 9,1/10. Pour l'ensemble des disciplines, la valorisation de cette rémunération est même jugée prioritaire par rapport à la rémunération globale. « On s'attendait à ce que la rémunération soit l'un des points les plus importants mais finalement les conditions de travail et le repos de sécurité ont davantage été mis en avant par les internes », explique François Krabansky, vice-président de l'ISNI, qui a coordonné le rapport.
Créer des statuts de praticien manager et praticien hospitalier expert
L'enquête a montré que l'attrait pour les carrières universitaires est berne : 37 % des internes n'ont pas d'affinité pour l'enseignement et la recherche. L'ISNI suggère donc de différencier les fonctions universitaires et managériales en créant un poste de praticien manager. Ce nouveau métier permettrait au médecin de « garder une partie de l'activité clinique », le reste serait dévolu à « la gestion du service ». Pour les internes ne souhaitant ni poursuivre une carrière universitaire, ni un exercice managérial, le syndicat propose un statut de praticien hospitalier expert permettant une évolution de carrière en ayant une pratique purement clinique.
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