Un compagnonnage gratuit pour réussir en PACES

Les tutorats tentent de supplanter les prépas privées

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Publié le 10/10/2016
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

La totalité des 37 facultés de médecine proposent un tutorat, des cours de soutien quasi-gratuits (quelques dizaines d'euros par an) pour accompagner les étudiants de première année commune aux études de santé (PACES). S'ils sont bien implantés, les tutorats souffrent toujours de la concurrence des prépas privées, comme l'a récemment illustré un reportage au 20 heures de TF1 consacré à ces officines de préparation au concours... sans un mot pour le tutorat.

« Il existe encore une méconnaissance des bénéfices apportés par le tutorat au détriment des prépas privées. Certains étudiants ont des préjugés. Ils se disent : "les prépas coûtent cher, elles sont donc de meilleure qualité" », explique Quentin Hennion-Imbault, vice-président de l'Association nationale des étudiants en médecine (ANEMF).

Pour l'égalité des chances

Le concept du tutorat, né en 1975 à Saint-Étienne, s'est réellement développé il y a une quinzaine d'années, justement en réponse à l'émergence des coûteuses officines privées en France pour renforcer l'égalité des chances. « Des étudiants estimaient que les études devaient être accessibles à tous. Ils ont décidé de trouver une alternative », confie-t-il.

Aujourd'hui, trois types de tutorat existent sur le territoire : les corporatistes, intégrés au sein d'une corpo étudiante, les associatifs, plus autonomes, et les institutionnels bénéficiant du soutien de la faculté.

Le tutorat propose la distribution de polycopiés, organise des colles ou concours blancs, parfois des enseignements dirigés. Les facultés et parfois les universités ou l'Agence régionale de santé (ARS) mettent la main au portefeuille. « Les tutorats souhaitent se doter d'un lecteur optique pour corriger les grilles QCM. Mais il faut compter entre 10 000 et 15 000 euros », explique Julien Li, vice-président en charge du tutorat à l'ANEMF. Généralement, les tutorats corporatistes utilisent leurs fonds propres et les associatifs nouent des partenariats extérieurs pour s'équiper.

Le tutorat repose surtout sur l'investissement des carabins bénévoles des années supérieures. « Les tuteurs conçoivent les sujets, corrigent et conseillent les étudiants gratuitement », poursuit le responsable des études de l'ANEMF. À Nantes, 159 tuteurs accompagnent 1 500 étudiants. À Toulouse, ils sont 450 pour 3 000 étudiants. « Il y a principalement des 2e année de médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique et kinésithérapie en fonction des villes. Des 3e année continuent à proposer leur aide ponctuellement pour la construction des cours », détaille Quentin Hennion-Imbault. Certains professeurs forment en début d'année les tuteurs à la docimologie, à la rédaction de sujets et s'attellent aussi à la relecture des énoncés des épreuves. D'autres, en revanche, ne donnent jamais suite aux demandes des étudiants, se désole Julien Li.

Une certification de qualité

Pour donner davantage de lisibilité à ce compagnonnage par les pairs, les associations nationales d'étudiants en médecine (ANEMF) et pharmacie (ANEPF) ont lancé il y a deux ans un nouveau site Internet (www.tutoratpaces.fr) *. L'an dernier, elles ont également mis en place une certification de qualité (or, argent, bronze) aux tutorats en fonction des services proposés. Une manière de renforcer l'émulation autour de ce soutien pédagogique.

 

* L'ANEMF précise que le site restera inaccessible pendant plusieurs jours en raison d'une maintenance (mise à jour le 11/10/2016).

 

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9524