Lire Galien dans le texte, l’expérience n’est pas si courante ! À la faculté de médecine de Lille, une trentaine d’étudiants se plongent avec érudition dans les ouvrages de ce médecin grec du IIe siècle, grande figure de la médecine antique.
D’autres potassent un ouvrage en latin de Garioponto, praticien italien du XIe siècle, consacré aux fièvres. « En début d’année, les autres étudiants nous prennent pour de doux rêveurs. Mais après quelques semaines, ils regrettent de ne pas s’être inscrits ! » confie Sarah Abdellaoui, étudiante en seconde année de médecine et élève assidue des cours de latin/grec.
Vocabulaire médical
Depuis 2000, la faculté de médecine de Lille propose à ses étudiants un apprentissage de ces « langues vivaces » pour compléter leur formation, à raison de trois heures par semaine durant un semestre. « Le vocabulaire médical est directement issu du grec et du latin et il nous paraissait intéressant de proposer cette option aux futurs médecins, explique le Pr Antoine Drizenko,paléographe et coordinateur de cette formation. Cela répond aussi à une demande des étudiants qui arrivent à la faculté avec un Bac S option latin ou grec et qui souhaitent poursuivre ces matières. »
Des cours sont ainsi proposés en deuxième année aux carabins volontaires, avec un tutorat pour les étudiants novices qui souhaitent se frotter aux textes anciens. Entre 20 et 40 étudiants s’inscrivent chaque année aux cours de latin médical, presque autant aux cours de grec ancien. Ceux qui désirent poursuivre peuvent s’inscrire au master Biologie-Santé qui propose un semestre de « transmission des textes médicaux ». Au programme : l’histoire de la médecine et de manuscrits médicaux en grec, latin et français médiéval. La formation est menée en partenariat avec Myriam Hecquet, helléniste, paléographe et philosophe.
Belles descriptions détaillées
Inscrit à ce master de recherche, Richard Lemaire apprécie l’ouverture d’esprit qu’apporte cet enseignement.
« Connaître l’histoire de sa discipline est enrichissant. Cela permet de s’accorder du temps pour réfléchir, dans un cursus très chargé. À travers les textes d’Aristote, nous découvrons comment s’est construit le raisonnement et comment mieux structurer nos connaissances. Personnellement, cela m’aide à associer des notions et avoir le raisonnement le plus scientifique possible ».
Marie-odile, inscrite à l’option latin, y trouve un enseignement précieux pour la pratique clinique. « Les médecins de l’époque ne disposaient pas de tous les examens paracliniques ni de l’imagerie médicale. Ils devaient se fier à leurs seules observations, et leurs descriptions sont extrêmement précises. Ils nous apportent beaucoup en terme de méthodologie, grâce au regard qu’ils portaient sur le patient et à leurs belles descriptions détaillées. »
Le Pr Antoine Drizenko est admiratif des connaissances médicales que possédaient les Anciens. « Le texte de Claude Galien consacré au coma selon Hippocrate révèle une très bonne observation des différentes profondeurs de coma. » Un partenariat a été noué entre la faculté lilloise et le centre d’études helléniques de l’Université de Harvard, aux États-Unis pour la mise en ligne de textes médicaux anciens. Une traduction en anglais et en espagnol vient d’être publiée sur le site de l’université américaine.
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