« LES ÉVOLUTIONS fructueuses et étonnamment rapides de la médecine du XXIe siècle, ne dispensent en aucune façon de ses fondamentaux, c’est-à-dire une clinique humaniste », considère un rapport* adopté fin juin à l’Académie nationale de médecine, qui s’alarme de la « dégradation de l’humanisme médical », acté depuis de nombreuses années. Évolutions sociétales marquées par la montée du consumérisme médical, restrictions budgétaires à l’hôpital imposant un temps réduit laissé au contact direct entre malade et médecin, explosion des tâches administratives au détriment du temps consacré aux malades, prédominance de la médecine technologique expliquent en partie cette perte d’humanité récurrente de la médecine. À l’hôpital, en particulier, « il est difficile à des soignants malmenés de bien traiter des soignés », souligne le rapport, qui appelle à un « art de bien-traitance exercé par des médecins bien traités ». À ce titre, il est indispensable que les tutelles hospitalières responsables de l’organisation de l’offre de soins institutionnalisent dans les établissements « des pratiques d’humanisme médical et de bien-traitance intégrées et accréditées en véritable culture de cet humanisme dans la charte de qualité des soins ». Au quotidien, « la technique ne dispense pas de l’humanisme, elle le nécessite », rappelle l’Académie. « L’angoisse de la maladie, de la machine, de son verdict doivent être, autant que possible, dissipées par le dialogue », souligne le groupe de travail, qui insiste surtout sur une profonde évolution de la sélection et de la formation des futurs médecins.
Motivation des étudiants.
« L’une des particularités identifiables parmi les étudiants s’inscrivant en première année est une grande faiblesse dans le domaine des humanités », note le rapport, qui dresse un constat sans appel : « La majorité des étudiants de première année – avec de remarquables exceptions – révèle une grande pauvreté culturelle en général, et littéraire en particulier. L’expression en français de beaucoup est très pauvre, le vocabulaire restreint, les adjectifs stéréotypés à tel point qu’ils peinent à adapter leur langage avec les adultes et particulièrement les malades. » En outre, « les sections scientifiques ne leur permettent pas d’acquérir les outils philosophiques basiques nécessaires à la réflexion éthique ».
Le groupe de travail pose également la question de la motivation des étudiants, dont certains « s’inscrivent en première année par défaut, plutôt que par choix », 20 % des étudiants engagés dans la filière déplorant après coup ne pas se sentir disposés à exercer la médecine. Pour l’Académie, il est essentiel de « déplacer le processus de sélection actuel tardif, vers un stade plus précoce », qui pourrait intervenir « avant même le début des études médicales ». Le rapport préconise à ce titre la création de stages d’observation en milieu hospitalier ou auprès de praticiens pour les lycéens désirant s’orienter vers les professions médicales et paramédicales. L’Académie réitère son vœu d’une sélection des étudiants sur dossier et estime que l’autonomie des universités pourrait permettre « quelques initiatives pilotes » en ce sens.
S’agissant de l’enseignement de l’humanisme médical à la faculté, le groupe de travail déplore l’extrême disparité entre UFR et sa position en début de cursus, « alors que le futur médecin est encore très peu confronté à la pratique ». Le rapport recommande enfin de « redonner à la clinique toute sa place dans sa pratique quotidienne ». Le médecin ne soignant pas seulement avec ses ordonnances ou ses actes mais aussi par sa personne, ses yeux, ses doigts et sa parole.
* « Un humanisme médical pour notre temps », rapport consigné par les Prs François-Bernard Michel, Daniel Loisance, Daniel Couturier et Bernard Charpentier au nom d’un groupe de travail et de la Commission XV.
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre