« HONTEUX »,« lamentable », « amateurisme », « incompétence », « ras-le-bol », « incapables »… : sur les forums carabins, sur le site du « Quotidien » aussi, les étudiants (et leurs parents !) continuent d’exprimer leur désarroi et leur colère, eux qui devront repasser le mardi 14 juin, de 14 heures à 17 heures dans les sept centres d’examen, l’épreuve de lecture critique d’article (LCA) dans le cadre des ECN 2011. Une épreuve annulée par deux fois le 1er juin (le matin puis l’après-midi…) à la suite d’invraisemblables dysfonctionnements pédagogiques et organisationnels (« le Quotidien » du 6 juin).
Les quelque... 8 000 nouvelles convocations sont parties hier du Centre national de gestion (CNG) qui est chargé d’organiser les ECN (1). La décision délicate de reprogrammation de la LCA (qui divise également les enseignants et les doyens) a été prise vendredi dernier par le ministère de la Santé, soutenu par celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, le gouvernement ayant jugé que c’était la seule option possible « sur le plan juridique et sur le plan de l’équité ». De fait, un arrêté de 2005 (revu en 2007) fixe la nature et le caractère « indissociable » des épreuves (la LCA était la dernière que devaient passer les étudiants dans le cadre des ECN). Dans ces conditions, « neutraliser » la LCA (c’est-à-dire ne pas la prendre en compte dans la note finale) comme le réclamaient 85 % des carabins, selon un sondage de l’Association des étudiants en médecine de France (ANEMF), faisait courir le risque évident d’une annulation de la totalité du concours 2011, un véritable cataclysme. La situation est d’autant plus complexe que la LCA, mise en place récemment, est une épreuve de réflexion très discriminante (pour le classement final qui conditionne le choix des postes d’internes et ville d’affectation en septembre).
Sacrifices.
Pour cette promotion (étudiants de sixième ou septième année), c’est la douche froide. Dans une lettre ouverte au gouvernement et aux doyens, l’ANEMF décrit des carabins « désemparés, fatigués physiquement et moralement , épuisés par trois voire quatre années de préparation intensive à un concours au prix de nombreux sacrifices » et qui ont beaucoup de mal à accepter cet incroyable cafouillage administratif et ses conséquences imprévisibles. « Il s’agit d’un véritable drame humain », se désole l’ANEMF qui s’est efforcée ces derniers jours de négocier directement avec le ministère et le CNG les meilleures conditions possibles, et surtout les plus équitables, pour repasser cette épreuve (de nombreux carabins ayant programmé de longue date des stages d’été à l’étranger, jobs étudiants, congés…).
Ainsi, il est acquis que tous les étudiants concernés par ce pataquès (sixième année et internes repassant les ECN) devraient être libérés de stage jusqu’à l’examen afin de permettre un ultime « bachotage » dans des conditions homogènes. De même, le CNG – où une cellule de crise a été mise en place – devrait mettre les bouchées doubles pour que l’organisation en urgence de la nouvelle épreuve ne souffre d’aucune contestation (convocations, communication, appariteurs, relecture…). Les difficultés individuelles pour préparer cette épreuve devraient être examinées « au cas par cas » par les doyens de faculté. Surtout, l’ANEMF cherchait à obtenir le remboursement des surcoûts engendrés par ce nouvel examen (frais de transport, logement d’urgence…). « L’examen a été organisé à 14 heures pour éviter au maximum les nuits d’hôtel », précise-t-on au CNG, assailli d’appels ces derniers jours. « La colère est toujours là, explique au « Quotidien » Ingrid Bastide, présidente de l’ANEMF. En même temps, beaucoup d’étudiants comprennent que repasser cette épreuve est la seule issue pour éviter que l’ensemble du concours soit annulé. »
Malgré quelques facilités et les « profonds regrets » exprimés par le CNG aux candidats, l’affaire des ECN 2011 n’est sans doute pas terminée. L’histoire des épreuves de médecine annulées montre que de nombreux étudiants sont tentés de saisir des tribunaux administratifs, y compris après les résultats, estimant que l’égalité des chances des chances n’a pas été respectée.
(1) Le Centre national de gestion a notamment la charge d’organiser les épreuves classantes nationales, d’organiser la procédure nationale de choix de poste et de prononcer les affectations.
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