LE QUOTIDIEN DES LECTEURS

Tous au PRADO !

Publié le 02/04/2012
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Marignane (13)

Dr Michel Alessandri

Suite au billet de notre confrère pédiatre chef de service à Martigues, le Dr Faverge, qui souligne toutes les aberrations du PRADO, permettez à un médecin de famille de 30 ans de cabinet de dire ceci : je reçois, précisément le plus souvent de l’hôpital où exerce notre confrère, près d’un nouveau-né par semaine. Sur le carnet de santé il y a écrit : « Le médecin doit, au cours des 8 premiers jours, effectuer un examen approfondi de l’enfant et établir le certificat de santé obligatoire à cet âge. »

Je refuse d’engager ma responsabilité, dans les conditions d’équipement et d’hygiène où les institutions nous enferment, en recevant des nouveau-nés de moins de 5 jours. Outre mon incompétence, ce serait les plonger dans un milieu délétère.

Et pourtant, PRADO l’impose. Il y a quelques décennies, l’avenue marseillaise du même nom, à tort ou à raison, était célèbre au même titre que le bois de Boulogne à Paris, pour être la nuit le lieu de la prostitution masculine, les célèbres drag-queens.

Voilà la solution pour nos institutions : ainsi, les événements médicaux entourant la maternité ne seront plus un problème pour l’assurance-maladie. Nul doute que les technocrates totalitaires et irresponsables qui pondent des âneries pareilles s’inspirent directement de cette anecdote significative.

Tous au PRADO… ! ! Pardon pour ceux qui y vivent déjà, et pour les maternités hautement honorables situées à proximité…

Votre dévoué…

Plaidoyer pour les stages en milieu rural

Banyuls-sur-Mer (66)

Dr Pierre Frances

Chers confrères,

Je me permets de vous adresser ce courrier pour déclarer mes futures intentions pour le stage d’été 2012.

Tout d’abord, je souhaite dire que je suis très heureux d’accueillir un interne en milieu de stage. Même s’il y a eu quelques problèmes avec mes collègues qui les ont poussés à ne pas poursuivre le stage, tout se passe bien dans notre cas.

Il découvre, avec des yeux écarquillés la façon dont nous travaillons en milieu rural, l’intérêt d’une coopération avec les infirmières, et se forme à certains gestes pratiques (infiltrations, biopsies, frottis, prise de sang, perfusion…).

Il a, dès son arrivée, œuvré durant une journée avec les paramédicaux ; cela lui a permis de voir l’envers du décor avec toutes les incertitudes du médecin, les difficultés de faire adhérer le patient à un traitement, et la façon dont nous travaillons en équipe pluri-professionnelle sur les soins palliatifs.

J’ai profité de la première rencontre pour lui montrer quelle place prend le médecin généraliste auprès de populations démunies, et comment il est possible de répondre aux attentes de ces populations dépourvues de couverture sociale.

Je profite de cette occasion pour remercier chaleureusement la secrétaire des internes qui m’a communiqué son téléphone ; élément qui m’a permis, après une petite discussion de lui faire accepter son déplacement vers une zone rurale. Merci également au Dr Hassid pour avoir accepté de participer à cette aventure.

Tout cela pour dire que je reste mobilisé pour recevoir un interne au futur choix, et ce même si durant 2 ans, je n’ai pu en recevoir qu’un seul – je passe sur les autres 3 années, où malgré ma maîtrise de stage, je n’apparaissais sur aucune liste, et restais inconnu de ma hiérarchie ; j’étais malgré tout invité régulièrement pour parler des internes par ces mêmes responsables. Cela est sacrément discriminatoire ! Peut-être qu’un virus informatique m’a éliminé des listes ?

Y a-t-il des généralistes enseignants, des responsables, voire même des « Maîtres de Stage de base » qui n’ont eu qu’un interne (je ne parle bien entendu pas des SASPAS) durant 5 ans, et même ceux qui sont éloignés des grands centres urbains ?

Je comprends très bien que les internes n’aiment pas trop aller en zone rurale – un des responsables me l’a fait remarquer en m’expliquant que « je pouvais me faire pipi et m’y rouler dedans ; s’ils ne veulent pas venir, ce sera comme cela » –, cependant je pense que rien n’est meilleur que de se frotter à ce milieu avant de se prononcer sur sa future activité.

La formation de ces jeunes générations en milieu rural, n’est-elle pas un premier rempart pour lutter contre la désertification dans ces zones ? Certaines universités s’en sont par ailleurs préoccupées, et les zones rurales, pour ces dernières, sont devenues une priorité pour le choix des internes en médecine générale ;

Toujours est-il que je propose comme dans le passé de loger gratuitement l’interne durant cette période, et que je suis prêt à recevoir un deuxième interne en cours de stage (s’il est en difficulté) comme celui que nous avons actuellement (j’ai un second logement).

Je tiens cependant à préciser que je ne suis pas un joker qui n’est utilisé qu’en cas de défection, et je reste mobilisé pour une formation d’un interne comme tout autre collègue.

Je suis heureux d’être en binôme (avec le Dr Hassid de préférence), et souhaite poursuivre de la sorte.

Je profite de cette occasion pour rappeler que je reste ouvert pour participer à l’enseignement sur les soins palliatifs, la précarité, et la dermatologie en milieu libéral (j’ai éprouvé un certain étonnement de savoir que j’étais invité à cet enseignement une semaine avant. S’agissait-il d’une programmation très tardive ?).

Je continue sur cette lancée pour de nouveau demander à mes responsables d’avoir la gentillesse d’informer les internes que je reste à leur disposition pour travailler sur des sujets de thèses (cela fait 5 ans que je leur demande).

Plusieurs sujets sont déjà prêts pour une thèse, et certains feront l’objet de 2 communications orales au Congrès de Recherche en Médecine Générale de Nice 2012 (étude sur le scorbut chez les SDF, et la vision du médecin traitant par le SDF).

Je profite de cette occasion pour remercier FORMUNOF, maintenant regroupé sous la bannière Evolutis, pour son aide, tant institutionnelle que morale, dans l’élaboration de ces communications, mais aussi certains confrères européens avec lesquels je travaille depuis plus de 2 ans sur divers sujets (publications, communications orales), et qui seront présents à mes côtés à Nice.

Merci également au Dr Henni, qui je l’espère, pourra être également présent au Congrès de Nice. Depuis un an je collabore à ses côtés pour développer un portail Internet de formation pour les médecins généralistes algériens.

Avec peu de moyens il tente de former ses confrères.

En espérant que cette année sera l’occasion de montrer que la ruralité sera une priorité dans la future formation des jeunes généralistes, mais aussi que la médecine générale arrivera à acquérir ses lettres de noblesse.

Merci à tous pour votre écoute.

Un Maître de stage, qui pêche parfois par son inconstance, mais reste conscient qu’il faut répéter pour se faire comprendre, et faire accepter les changements.

La dernière obligation en médecine générale ou comment la supprimer

Saint-Pierre-Église (50)

Dr Yves Aerts

Tous les cabinets de médecine générale devront être aux normes accès handicapé pour 2015 (plan incliné, toilettes handicapés, volume du cabinet). Or en médecine générale, les handicapés ne viennent pas au cabinet mais sont vus à domicile, ce qui, on le comprend aisément, est plus facile pour eux...

Jeune médecin, après 10 ans d’études, peu argenté en général, l’installation antérieurement ne nécessitait qu’une location d’un 2 pièces, au moins durant les premières années. Puis le médecin envisageait une installation à sa mesure.

Exercer en cabinet de groupe dans un local municipal ou intercommunal, encore faudrait-il qu’il en existe suffisamment, c’est s’exposer à l’explosion exponentielle des frais professionnels, alors que les revenus, honoraires sont bas et non revalorisés. Ceci entraînera à terme le départ des médecins vers le salariat ou l’exercice individuel (en vidant des locaux non amortis).

5 à 8 % des médecins sortis des universités s’installent en médecine libérale. Qui va s’installer en médecine générale ?... et rurale, de surcroît ?

Pour ceux déjà installés dans des conditions ne permettant pas d’adaptations, en ville par exemple, quel avenir ?

Politique d’État = égalité d’accès aux soins, des paroles oui, mais quels actes... ?


Source : Le Quotidien du Médecin: 9108