LE QUOTIDIEN - Depuis le rapport d’Élisabeth Hubert sur l’avenir de la médecine de proximité, la médecine générale et la formation sont au cœur des préoccupations des pouvoirs publics. Cela doit vous réjouir ?
STÉPHANE MUNCK - Oui car cela répond à des projets que nous défendons depuis très longtemps dans le but d’une meilleure organisation des soins. Ces problématiques sont désormais prises à bras-le-corps avec une volonté d’agir vite. C’est un bon début. Nous serons vigilants sur la mise en place de ces mesures de façon à ce que cela soit cohérent et efficace.
Le rapport préconise d’allonger le DES de médecine générale à 4 ans, d’ouvrir plus de stages pratiques pendant la formation et d’augmenter le nombre de maîtres de stage...
Ces mesures, nous les demandons depuis longtemps. Nous réclamons l’allongement du DES de médecine générale avec une 4e année professionnalisante depuis 2008. L’ISNAR-IMG a mis en place avec l’ANEMF (étudiants en médecine) et les ministères de la Santé et de l’Aménagement du territoire une campagne de recrutement des maîtres de stage. Cela a marché dans quelques villes mais pas de façon satisfaisante. Nous sommes d’accords avec Élisabeth Hubert pour dire qu’il faut de la cohérence dans les mesures. La formation initiale est primordiale mais il faut aussi que l’exercice professionnel réponde aux aspirations des jeunes médecins.
Souhaitez-vous davantage d’initiatives concrètes sur l’amélioration des conditions d’exercice ?
Oui et je ne doute pas que des mesures seront mises en place. Lors de la réunion de concertation du 6 janvier, le ministère de la Santé a évoqué la formation, le nouveau statut juridique des maisons de santé pluriprofessionnelles (la société interprofessionnelle ambulatoire ou SIA). Cela répond à une volonté des jeunes professionnels de travailler regroupés dans une maison de santé, un pôle de santé ou encore dans le cadre des coopérations interprofessionnelles.
Le ministère de la Santé planche sur la rénovation de la rémunération des médecins généralistes. Les internes de médecine générale ont-ils des préférences sur ce sujet ?
Cela fait quelques années que les internes ne se reconnaissent pas dans un paiement à l’acte exclusif. Nous ne sommes pas contre le paiement à l’acte car il correspond à une culture française et répond à une problématique de soins. En revanche, le paiement à l’acte est inadapté à la prise en charge d’un certain nombre de pathologies. Nous sommes donc favorables à une diversification de la rémunération avec le développement de forfaits liés à certaines pathologies, à l’éducation thérapeutique ou à la coopération. Mais il faudra veiller aux modalités d’application et il faudra que cela soit simple en terme administratif.
Cette diversification de la rémunération est une des volontés exprimées par les internes qui ont répondu nombreux (1 939 réponses) à une enquête nationale de l’ISNAR-IMG. On s’aperçoit que moins d’un quart des internes souhaite avoir un exercice salarié. Une majorité veut être libéral mais avec un mode de rémunération diversifié. Cela tord le cou aux idées reçues. Un certain nombre d’internes souhaitent travailler en tant que salarié ambulatoire, en centre de santé. Le statut de salarié permet d’avoir des congés annuels, une protection sociale en cas de maladie ou de grossesse. Il faut donc rénover le statut de médecin libéral pour le rendre plus attractif.
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