Un panorama de la santé des étudiants

Un recours au généraliste ou au gynécologue de plus en plus difficile

Publié le 25/05/2012
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Si les jeunes sont globalement en bonne santé, ils doivent tout de même faire face aux coûts du système de soin, et sont parfois obligés de renoncer à consulter. Le livre « Santé et conditions de vie des étudiants », publié par la Mutuelle des étudiants (LMDE) et coédité par la Mutualité Française et Rue des écoles, dévoile notamment que 34 % des étudiants ont renoncé à consulter un médecin au cours des 12 derniers mois.

Parmi eux, 82 % s’estiment en bonne santé, mais 20 % jugent que leur état de santé s’est dégradé par rapport à l’année précédente. L’ouvrage s’appuie sur une analyse des données obtenues dans le cadre de la dernière enquête sur la santé des étudiants (ENSE), réalisée en 2011 par la LMDE. Quelque 8 423 étudiants, représentant l’ensemble des académies, ont répondu à 134 questions autour de quatre thèmes, la situation économique des étudiants, l’état sanitaire et social, l’accès aux soins et le regard des étudiants sur la société.

Renoncement aux soins de proximité.

« Auparavant, le renoncement aux soins concernait particulièrement les soins dits coûteux, pour lesquels l’assurance-maladie intervient peu, comme les soins dentaires ou optiques. L’enquête montre qu’il s’est déplacé et généralisé aux soins de proximité, comme le recours au généraliste et aux principales spécialités, comme la gynécologie et la pharmacie », souligne Gabriel Szeftel. « C’est le fait le plus marquant de cette enquête. »

Pour le président de la LMDE, sont en cause la situation sociale des étudiants, et l’absence de couverture complémentaire pour un nombre croissant d’entre eux. Ainsi 19 % n’ont pas de complémentaire santé, et 10 % ne savent pas s’ils sont couverts ou non.

« Les jeunes, et notamment les étudiants, sont dans des villes où les dépassements d’honoraires sont plutôt plus importants que dans le reste du territoire. Ils sont donc directement confrontés à la déconnexion entre le taux de remboursement et les honoraires réellement pratiqués », ajoute Étienne Caniard, président de la Mutualité Française.

Il ressort de l’enquête une perception négative du système de santé, puisque la moitié des étudiants ne sont pas d’accord avec l’affirmation : « En France, chaque personne a la possibilité d’être soignée quelles que soient ses ressources financières ». « Il y une sorte de doute qui s’instaure dans l’efficacité du système de protection sociale », poursuit Étienne Caniard. « Cela engendre un cercle vicieux, une perte de confiance dans l’avenir, qui conduit à une moins grande protection de sa santé. »

Bien être et alimentation.

L’enquête montre également une forte dépendance familiale des étudiants, puisque pour 73 % la famille reste la première ressource. L’accès à un logement indépendant reste également difficile, seuls 59 % des étudiants ne vivent plus chez leurs parents, dont 17 % sont en résidence universitaire. Le logement reste une dépense lourde, ainsi 32 % des étudiants déclarent avoir du mal à payer l’alimentation, une partie du loyer ou l’électricité.

Les étudiants ont également été interrogés sur leur bien-être, et 38 % ont, au cours des 12 derniers mois, éprouvé un sentiment de tristesse et de déprime. Des difficultés qui ont un retentissement sur leur état de santé général. Quant à leur alimentation, 63 % des sondés disent avoir une alimentation équilibrée. Lorsque cela n’est pas le cas, cela ne relève pas d’un choix mais d’une contrainte. Les raisons invoquées sont un manque de temps, des difficultés à trouver un repas équilibré sur leur lieu d’étude, et des difficultés économiques.

Quelques propositions de la Mutuelle des étudiants

. Création d’un chèque santé national de 200  euros, pour que chaque étudiant puisse être couvert et avoir une complémentaire santé à moindre frais.
. Refonte des dispositifs de la Couverture maladie universelle complémentaire ( CMUC) et de l’Assurance complémentaire santé ( ACS).
. Renforcer le service public de la santé des étudiants, notamment en transformant les services de médecine préventive des universités en centres de santé, sans dépassement d’honoraire, et en accès tiers payant.
. Accroître la prévention et les moyens qui lui sont dédiés.
 CÉCILE RABEUX

Source : lequotidiendumedecin.fr