Pénalisée par sa grossesse

Une interne se bat pour faire évoluer la législation

Publié le 13/09/2011
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LA LOI EST LA LOI. Elle est parfois bête et méchante. Interne en 4e semestre de médecine générale à Besançon, Cécile Lambert doit accoucher mi-novembre. Mais l’heureux événement pourrait perturber plus que prévu la fin de son cursus. La jeune femme devra sans doute invalider son prochain stage qui débute le 1er novembre. Elle ne pourra pas suivre au moins 4 mois sur les 6 que dure le stage. La jeune femme ne conteste pas cette disposition. Elle déplore en revanche que l’invalidation d’un semestre entraîne l’annulation du classement de l’interne aux épreuves classantes nationales (ECN), et ce pour quelque motif que ce soit : grossesse ou maladie.

La HALDE en renfort.

Classée 29e de sa promotion, Cécile devra, selon les textes, choisir en 66e et dernière position ses deux derniers stages. Certaines facultés contournent parfois la loi avec l’accord tacite de l’agence régionale de santé (ARS). Dans le cas de Cécile, le mastodonte hospitalo-universitaire peine à bouger. « Mon doyen reconnaît une injustice mais ne fait rien et l’ARS se défend d’appliquer la loi. » Conséquence : Cécile devra choisir un stage loin de chez elle pendant sa dernière année de formation. « La situation est plus difficile à vivre encore pour les internes qui ont un enfant en début d’internat », explique-t-elle.

Cécile Lambert se bat depuis plusieurs semaines pour faire évoluer la législation. « Je demande un assouplissement de la loi qui permette aux femmes enceintes ou à des internes qui ont été en congés maladie de conserver leur rang de classement. » Militante, la jeune femme a déjà adressé 300 courriers aux ministères de tutelles, aux associations, aux députés et aux magistrats pour dénoncer cette « injustice ». Cécile a déposé un recours auprès de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE). Elle invite d’ailleurs les internes à s’associer à sa requête en saisissant à leur tour la HALDE. Selon un sondage mené par la corporation d’internes de Besançon (SYRC) à laquelle elle a adhéré, 92 % des internes de médecine générale sont favorables à un assouplissement de la loi.

Cécile Lambert a reçu le soutien de l’Association des femmes médecins du SML, de MG-France, de nombreux messages de sympathie et des courriers polis des ministères. L’interne attend aujourd’hui des actes du législateur. Lucide, elle sait que la loi accouchera bien après elle.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9002