Grève des internes : Buzyn fait quelques annonces, les jeunes dénoncent des « cacahuètes »

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Publié le 16/12/2019

Crédit photo : AFP

Le feu couve toujours chez les internes, en grève illimitée depuis le 10 décembre pour défendre leurs conditions de travail, de formation et de rémunération.

L'Intersyndicale nationale des internes (ISNI), à l'initiative du mouvement, dénonce les propositions d'Agnès Buzyn, dévoilées dans une vidéo à « What's up doc ». La ministre y expose plusieurs mesures sur le temps de travail et la rémunération. Des annonces aussitôt qualifiées de « cacahuètes » par les jeunes.

Sanction des établissements en dehors des clous

Sur le temps de travail, la ministre n'est toujours pas favorable au décompte horaire, requête de l'ISNI, mais se dit « prête » à travailler sur « la rémunération de demi-gardes »« Il y a beaucoup d’internes qui font des demi-gardes ou travaillent le soir jusqu’à 23 heures ou plus, sans pour autant que ce temps supplémentaire soit rémunéré. (...) je souhaite qu’il le soit. Je préfère cette approche qu’un décompte horaire », fait-elle valoir. Le temps de travail additionnel (TTA), réclamé depuis quatre ans, est une autre piste à creuser. Mais Agnès Buzyn souhaite le réserver aux docteurs juniors (internes en phase de consolidation). 

Elle suggère aussi que les commissions médicales d’établissement (CME) « fassent un bilan du temps de travail des étudiants » chaque année, dès 2020. En cas de non-respect des 48 heures hebdomadaires, des sanctions financières pourraient être prononcées envers les établissements. 

Pas de quoi rassurer les jeunes médecins.

« Nous sommes étonnés d'avoir une réponse dans un média et, de plus, une réponse filmée, c'est une déception, juge Nawale Hadouiri, vice-présidente de l'ISNI. La demi-garde n'existe plus depuis 2012. Si elle a été interdite, c'est quelle était source de dangers. Ça sera la porte ouverte à de nouvelles dérives. »  

Le bilan du temps de travail par les CME ? « Sans décompte horaire précis, ces bilans en CME ne pourront jamais représenter la réalité. Il faut d'abord avoir des outils pour quantifier le temps de travail, qui n'est toujours pas contrôlé dans les établissements », lance-t-elle.

Prime de 5 000 ou 6 000 euros pour la phase 3

Côté rémunération cette fois, la ministre serait prête à travailler à une prime de « vie chère » pour les internes franciliens. « C'est une bonne annonce mais insuffisante, objecte Nawale Hadouiri. La prime doit être ouverte à tous les internes car il est difficile de se loger dans l'ensemble des établissements. Les internes sont amenés à déménager car ils changent de stages tous les six mois. Cela a un coût par exemple sur les cautions à débloquer. Ça pèse sur nos salaires. »

Pour les docteurs juniors (phase de consolidation), la ministre prévoit une prime de 5 000 euros brut par an pour la première année, et de 6 000 euros la deuxième année (disciplines chirurgicales). Agnès Buzyn assure que cette rémunération « à mi-chemin » entre l'interne et le chef de clinique permettra de bien positionner ce statut. « La revalorisation du salaire pour le docteur junior pose la question du financement de ces postes, constate toutefois la vice-présidente de l'ISNI. Comment ces primes seront-elles financées ? Le post-internat et notamment les postes d'assistants spécialistes existeront-ils encore ? La lumière doit être faite. »

Concernant enfin la licence de remplacement – dont les modalités de délivrance plus tardive inquiètent – Agnès Buzyn recevra l'avis de l'Ordre des médecins au premier trimestre 2020.

Ce mardi 17 décembre, les internes organiseront leur propre marche à côté de la mobilisation hospitalière. L'ISNI appelle déjà à une nouvelle manifestation nationale à Paris le lundi 20 janvier.


Source : lequotidiendumedecin.fr