Le syndicat de médecins libéraux UFML-S avait alerté, il y a quelques semaines, sur le cas d'internes privés de leur licence de remplacement pour ne pas avoir passé leur thèse dans les délais requis à cause de la crise sanitaire. Une situation que l'Ordre assure avoir pris en considération.
Les règles autorisant un interne à remplacer sont définies, spécialité par spécialité, dans le code de la santé publique. Un interne de médecine générale peut remplacer après avoir validé trois semestres de résidanat dont un chez un praticien généraliste agréé. Les autres spécialités doivent attendre en moyenne la validation de cinq semestres (avec des spécificités) pour prétendre au remplacement. Aucune licence n’est accordée au-delà des trois ans suivant la fin théorique de l'internat. Passé ce délai, la seule solution pour continuer à remplacer est de valider sa thèse.
Thèses reportées
Las, des internes dont la licence de remplacement arrive en fin de course, et n'ayant pas encore passé leur thèse, se sont retrouvés sur le carreau sans possibilité d'exercer temporairement. Une « absurdité administrative », selon l'UFML. « Les facultés et bibliothèques universitaires étant fermées, les directeurs de thèse étant mobilisés par la crise sanitaire, la participation très importante et chronophage de ces jeunes médecins à la permanence de soins ambulatoires sont autant de facteurs qui ont empêché ces remplaçants d’obtenir leur diplôme avant la date de fin de leur licence de remplacement », explique le syndicat.
C'est le cas de Louis*, interne en médecine générale dans l'ouest de la France qui témoigne au « Quotidien » : « Je prévoyais de travailler ma thèse cette année et de la passer à la fin 2020 mais le Covid-19 est arrivé, j'ai repoussé le travail de ma thèse à plus tard mais ma licence de remplacement, elle, se termine bientôt et je ne pourrai théoriquement pas exercer. C'est non seulement une perte financière mais le système de santé se prive d'un praticien alors que l'épidémie a repris. On a besoin de mesures d'urgence. »
Prolongation
Contacté, l'Ordre national des médecins (CNOM) assure que la licence de remplacement peut être prolongée de six mois à la demande des quelques internes en difficulté. « L'objectif n'est pas de pénaliser les jeunes, souligne le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président de l'instance ordinale au « Quotidien ». Les Ordres départementaux ont reçu une circulaire, le nécessaire a été fait. »
Selon l'Ordre, très peu de jeunes seraient en réalité concernés. Également contactée, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) confirme que ces situations d'impasse sont très rares. Elle conseille toutefois de se tourner vers les Ordres départementaux. « Ils ont des marges de manœuvre et font ce qu'il y a de mieux pour leur territoire », assure Léonard Corti, porte-parole du syndicat.
* Le prénom a été modifié
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