Les internes en grève ne désarment pas et certains témoignent sur les réseaux sociaux

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Publié le 06/01/2020

Crédit photo : S. Toubon

Les fêtes de fin d'année n'ont pas été reposantes pour tout le monde. Chez les internes, en grève illimitée depuis le 10 décembre pour dénoncer leurs conditions de travail et défendre leurs droits et leur formation, la majorité a repris le chemin des services hospitaliers le temps d'une trêve des confiseurs.

Semaine de 82 heures

Mais plusieurs d'entre eux ont partagé sur les réseaux sociaux leur quotidien éprouvant dans les services hospitaliers – entre horaires à rallonge et manque de personnel.

À l’instar de @Littherapeute, interne en médecine générale, qui a exercé dans un service désert entre Noël et Nouvel An.

À Lyon, Lucas Reynaud, président du Syndicat autonome des internes des hôpitaux de Lyon (SAIHL) et interne en médecine d'urgence, a abattu 82 heures de travail lors de la semaine de Noël.

Contacté ce lundi par « Le Quotidien », le président du SAIHL explique que ces horaires ne sont pas si atypiques. « C'est notre quotidien, on a une semaine sur deux ou trois qui dépasse les 80 ou 100 heures. Pendant l'année, on emmagasine et lors des fêtes, on a envie de retrouver ses proches, on veut souffler mais on ne peut pas. C'est un moment de blues », témoigne-t-il.

Moral des troupes

Si l'amplitude horaire dépasse l'entendement, Lucas Reynaud pointe aussi du doigt la violation du repos de garde. « La moitié des internes de chirurgie des HCL [Hospices civils de Lyon, NDLR] n'ont pas leur repos de garde et bataillent pour l'avoir », poursuit-il. Selon une enquête réalisée en 2019 par le SAIHL, 9 % des internes de toutes spécialités de cette subdivision ne bénéficient pas systématiquement d'un repos de sécurité après une garde et seuls 20 % l'obtiennent après une astreinte.

Au-delà des horaires, le président des internes lyonnais souligne le poids de ces conditions sur le moral des troupes, une « pression constante que l'on a sur les épaules ». Il a longuement exprimé son ressenti sur Twitter le soir du 31 décembre.

Face aux difficultés, le jeune urgentiste réclame des moyens pour encadrer le temps de travail. « Ça fait deux ans que l'on se bat, c'est compliqué. Au local on nous dit qu'il faut voir avec le ministère, et la ministre nous dit qu'il faut voir avec les commissions médicales d'établissement. Ils se renvoient la balle », regrette-t-il.

Blue Monday le 20 janvier 

Après plusieurs journées de mobilisation des jeunes médecins, les 10 et 13 décembre, Agnès Buzyn a exposé plusieurs mesures sur le temps de travail et la rémunération. Des annonces « cacahuètes » qui n'ont pas convaincu la jeune génération, une nouvelle fois dans la rue le 17 décembre.

Contactée, Nawale Hadouiri, vice-présidente de l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI), précise que plusieurs villes comme Marseille ont voté une trêve hivernale. « D'autres ont continué car le préavis de grève court toujours. À Besançon par exemple, il y a eu des grèves ponctuelles d'internes lors de gardes et astreintes. »

L'ISNI ne désarme pas et entend désormais mobiliser le 20 janvier à Paris et dans les autres villes. La date correspond au « Blue Monday », troisième lundi de janvier, le jour le plus déprimant de l'année. « Une manière de faire écho au mal-être des internes », ajoute Nawale Hadouiri.


Source : lequotidiendumedecin.fr