Quelle autonomie pour le « docteur junior »  ? Le référentiel de mise en situation enfin publié... en attendant la rémunération

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Publié le 20/01/2020
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Crédit photo : Phanie

Comment les internes vont-ils acquérir (progressivement) leur autonomie, à la fin de leur troisième cycle ? Deux arrêtés publiés au « Journal officiel » précisent les différentes étapes vers la prise en charge de patients et la réalisation d'actes médicaux en totale autonomie pour les futurs « docteurs juniors », c'est-à-dire les internes de phase 3 (dite de consolidation).

Les textes étaient attendus. Toutes les spécialités sont concernées hormis la médecine générale dont la durée du DES est pour l'instant de trois ans. 

Cruciale, cette phase vise à diversifier la pratique jusqu'à l'autonomie professionnelle complète. Si un décret, publié en juillet 2018, cadrait le statut de « docteur junior », de nombreuses questions étaient en suspens – rémunération, autonomie, gardes séniorisées… La première promotion à entrer dans la dernière phase de l'internat est attendue en novembre 2020.

Objectifs attendus

Le document fixe un cadre. Les docteurs juniors réaliseront ainsi « des actes sous le régime de l'autonomie supervisée, selon un référentiel de mise en situation et d'actes permettant de mettre en œuvre progressivement les connaissances et compétences à acquérir et à consolider durant cette phase ».

En pratique, le docteur junior devra apprendre à gérer seul les activités de consultations (patients ambulatoires, consultation d'annonce, de recours, d'avis spécialisés donnés pour des patients hospitalisés dans d'autres structures) ; à prendre en charge des patients au sein d'un secteur d'hospitalisation, d'une partie d'un plateau technique ou en urgences ; à réaliser les actes opératoires, interventionnels ou médico-techniques et à organiser le parcours de soins, sa relation avec les autres correspondants et professionnels de santé pour la prise en charge globale du patient.

Les situations cliniques et médicales sont propres à chaque spécialité.

Gardes séniorisées et actes techniques

Concernant la supervision, au début de la phase 3, l'interne devra restituer directement son activité à un praticien senior quotidiennement. Une vérification des courriers et comptes rendus avant envoi est programmée tous les jours. Une fois cette étape maîtrisée, le bilan des activités s'effectuera une fois par semaine.

Pour la prise en charge des urgences, en période de jour, un praticien senior du service doit être « obligatoirement » sur place. En période nocturne, les docteurs juniors des 43 spécialités autorisées sont autorisés à réaliser des gardes séniorisées sur la base du volontariat. Un praticien senior devra soit être sur place, soit être joignable et à même de se déplacer. La restitution a lieu au terme de la garde avec l'un des praticiens seniors de la spécialité.

S'agissant des actes techniques, le docteur junior devra acquérir progressivement son autonomie sur les gestes ambulatoires, d'hospitalisation ou invasifs (d'abord en présence systématique d'un senior, puis avec sa présence au début et à la fin du geste et enfin en autonomie avec restitution des éléments de preuves (photo, radio).

Certaines situations sont spécifiques en fonction des spécialités et mentionnées dans les maquettes des DES. À titre d'exemple, les jeunes en médecine légale et expertise médicale exercent avec des équipes du médicojudiciaire. Les internes en biologie médicale doivent assister aux audits du comité français d'accréditation (COFRAC), etc.

Travail d'équipe

Au-delà des gardes et des actes, le docteur junior devra déclarer les événements indésirables graves (EIG) ou participer/animer des activités relevant de l'évaluation des pratiques professionnelles.

Le travail en équipe est un autre prérequis. Le jeune en fin d'internat devra être capable d'animer un staff et une réunion pluridisciplinaire, d'organiser des circuits de recours (pour la prise en charge), de gérer des relations avec les organismes sociaux ainsi que d'autres professionnels de santé ou savoir gérer une situation de crise.

L'ISNI critique

Contactée ce lundi, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) explique être « déçue » par les textes. « Ce référentiel est trop généraliste. À la base, nous en souhaitions un par spécialité », explique Nawale Hadouiri, vice-présidente en charge des dossiers sur l'enseignement supérieur. « Nous revendiquons des tâches mieux définies par les docteurs juniors dans chaque spécialité car si certaines maquettes de DES sont très bien faites d'autres sont moins précises », ajoute-t-elle.

Le statut de docteur junior fera l'objet d'une valorisation financière. Agnès Buzyn a annoncé que deux primes annuelles et pérennes seraient versées (soit 5 000 euros brut par an en première année de docteur junior, et 6 000 euros brut par an pour la seconde année pour les disciplines chirurgicales). Aucune grille salariale n'a pour l'instant été publiée.


Source : lequotidiendumedecin.fr