C'était l'une des grandes demandes des jeunes généralistes. Invité ce vendredi 21 février au congrès de l'Intersyndicale nationale autonome des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), à Saint-Étienne, Olivier Véran a lâché du lest sur la rémunération de la jeune génération en revalorisant et en déployant la prime de stage ambulatoire en zone sous-dense pour les internes et en confirmant une augmentation à venir du salaire des externes.
Le nouveau ministre de la Santé a voulu d'entrée de jeu sécuriser sa relation avec les juniors, qui étaient venus en nombre au congrès. Arrivé vers 13 heures, Olivier Véran s'est entretenu avec le syndicat des jeunes généralistes puis a prononcé son premier discours devant 700 internes.
Le locataire de Ségur s'est attaché à poursuivre les chantiers ouverts par son prédécesseur Agnès Buzyn, voire à aller plus loin.
Son premier coup de pouce financier consiste à revaloriser de 100 euros la prime de 200 euros créée en 2018 par Agnès Buzyn (dans le plan accès aux soins) pour inciter les jeunes à accepter des stages ambulatoires en zone sous-dense. « J’ai bien conscience que les stages en zones sous-denses peuvent représenter un surcoût financier pour les internes, voire parfois demander un véritable engagement. En 2018, une prime de 200 euros avait été mise en place pour ces stages éloignés. Dès lors que nous sommes dans la dynamique d’une augmentation du nombre de maîtres de stage, je souhaite que cette indemnité soit désormais portée à 300 euros et que la condition kilométrique [stage distant de plus de 30 km, NDLR] soit supprimée. Les déserts médicaux sont souvent plus proches qu’il n’y paraît », a annoncé le ministre sous les applaudissements de la salle. L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) réclamait au gouvernement la généralisation de cette prime à tous les étudiants.
Dans le cadre du second cycle des études et conformément à l'engagement d'Agnès Buzyn, Olivier Véran a confirmé l'augmentation de la rémunération des externes sans en dévoiler le montant. « Je leur réserve la primeur de l'annonce », a-t-il précisé.
Trop de drames
Conscient des enjeux autour du temps de travail, Olivier Véran a confirmé aux internes la mise en place des demi-gardes. « Tous le temps de travail effectué devra être comptabilisé : les demi-gardes devront ainsi être reconnues et incluses dans le temps de travail hebdomadaire et donc rémunérées », a-t-il annoncé.
Le temps presse. Les résultats préliminaires d'une enquête nationale menée par le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) et présentés au congrès indiquent que les internes de médecine générale réalisent 9,54 demi-journées de stage par semaine contre 8 prévues par la réglementation. 37 % estiment que la charge de travail en stage est lourde. Ce planning grignoterait aussi les demi-journées dévolues aux travaux facultaires des internes et à leur cours.
Marianne Cinot, présidente de l'ISNAR-IMG, a rappelé au nouveau ministre que l'examen des tableaux de service en commission médicale d'établissement (CME) promis par son prédécesseur Agnès Buzyn reste insuffisant. En réponse, Olivier Véran a confirmé qu'un bilan annuel du temps de travail des internes sera bien fait par les CME. « Les hôpitaux et les universités devront en tirer les conséquences, notamment concernant les agréments de stage », a-t-il lancé, recueillant une nouvelle salve d'applaudissements.
« De la même manière, et je n’ai pas de difficulté à le dire, nous devrons construire un mécanisme de sanction financière pour les établissements qui ne respectent pas le temps de travail des internes. », a-t-il ajouté devant les internes, satisfaits. « Plus de dix ans après l’obligation d’une durée maximale de 48 heures de travail hebdomadaire, cette limite n’est toujours pas respectée. Cela n’est plus acceptable. Il y a eu trop de drames. »
Dernière précision : l'accès aux temps de travail additionnel « ne sera pas ouvert aux internes, hormis pour les docteurs juniors ».
Pas le ministre de la fin de la liberté d'installation
Le ministre de la Santé s'est également dit favorable à un diplôme d'études spécialisées (DES) à 4 ans mais… Pas tout de suite. « Ma conviction est qu'il faudra allonger le DES à quatre ans. La médecine générale n'a pas à être une médecine à part […]. L'année 2020 doit être mise à profit pour aller au terme des travaux nécessaires », poursuit-il.
Enfin, sur le statut d'étudiant-hospitalier, Olivier Véran a expliqué qu'une instruction sur les droits étudiants hospitaliers sera publiée « d'ici à la prochaine rentrée ».
Le ministre a clos son intervention sous les applaudissements. En fin de discours, il a tenu à s'inscrire dans les pas d'Agnès Buzyn concernant la problématique de l'accès aux soins : « Je m'opposerai à tous ceux qui prônent la coercition à l'installation. Je ne serai pas le ministre de la fin de la liberté d'installation. »
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