Le gouvernement prévoit également une hausse de 5 % de la rémunération des docteurs juniors, nouveau statut des internes en fin de cursus visant à acquérir une autonomie progressive. Ainsi, la rétribution initialement prévue en février de 27 025 euros bruts par an passerait à 28 376 euros par an (+112,50 euros brut par mois).

Selon la note ministérielle, ces nouvelles rémunérations entreraient en vigueur au 1er septembre 2020.

+10 euros pour les gardes des jeunes

Selon ce même document, les indemnités forfaitaires de garde des internes passeraient de 119 euros à 130 euros en semaine. Celles des week-ends et jours fériés seraient payées 140 euros au lieu de 130 euros. Là encore, il s'agit d'augmentations loin des espérances puisque les internes espéraient pérenniser la revalorisation des gardes à 180 euros brut (tarif accordé pendant l'épidémie au-delà d'une garde par semaine).

Déjà promise par Olivier Véran au congrès des internes de médecine générale, l'indemnité forfaitaire d'hébergement des internes en stage ambulatoire serait portée à 300 euros par mois et la condition kilométrique serait supprimée.

Le ministère de la Santé accepte de créer au bénéfice des docteurs juniors un dispositif permettant la « rémunération du temps de travail additionnel » (TTA). La feuille de route ne précise pas les conditions d'accès et de rémunération de ce temps supplémentaire.

Pas à la hauteur

Face à ces propositions ministérielles, les internes n'ont pas masqué leur déception.

300 millions d'euros pour les PH : début et fin de carrière

Pour les praticiens hospitaliers (PH) aussi, c'est la douche froide. Les propositions actuelles du ministère sont très en deçà des espérances des syndicats. Au lieu des 7 milliards attendus, les PH bénéficieraient à ce stade d'une enveloppe de 300 millions d'euros à répartir entre les quelque 100 000 médecins du secteur public hospitalier.

Ainsi, l'exécutif envisage d'abord une réévaluation de l'indemnité d'engagement de service public exclusif (IESPE) en fonction du nombre d'années de service. Elle serait portée à « 600 euros brut par mois » pour les praticiens ayant moins de 15 années de service public (+22 %) et à « 900 euros brut » pour ceux qui dépassent 15 années de service public exclusif (+28,5 %). Cette mesure prendrait effet à partir de 2021. Les syndicats attendaient de leur côté une revalorisation à hauteur de... 1 000 euros net (contre 490 euros brut aujourd'hui) quelle que soit l'ancienneté.

Le gouvernement souhaite ensuite faire évoluer les grilles de rémunération des PH mais en ciblant le début et la fin de carrière. À compter du 1er janvier 2021, les trois premiers échelons de la grille seraient supprimés et « un ou deux échelons » supplémentaires seraient créés en fin de carrière « pour permettre de renforcer la fidélisation des PH expérimentés ».

Là encore, ces propositions déçoivent. Les syndicats de PH ont demandé une entrée de carrière à « 5 000 euros net » (alors que la suppression des trois premiers échelons sans changement aboutirait à un début de carrière à 3 754 euros net, niveau du quatrième échelon). Les PH ont aussi revendiqué une fin de carrière à « 10 000 euros net » et il est peu probable que la création d'un ou deux échelons permette d'approcher ce montant... 

+20 % pour la PDS

S'agissant de la permanence des soins, il est proposé aux PH une revalorisation de 20 % des gardes les week-ends et les jours fériés (473 euros brut aujourd'hui, ce qui signifierait environ 100 euros supplémentaires) et de 20 % également du temps de travail additionnel (TTA). Les syndicats réclamaient une indemnité de garde à 650 euros net et la rémunération du temps de travail additionnel « à hauteur de 50 % de plus que le travail de jour ».

Choc et désillusion 

« Trahison », « désillusion énorme », « choc de déception »... les organisations de PH n'ont pas de mots assez durs ce mardi pour qualifier les propositions faites par le gouvernement. 

« Ce n'est pas le dixième de ce qu'on demandait », se désole Jacques Trévidic, président d'Action praticiens hôpital (APH). « C'est le pire protocole que j'ai connu », s'indigne le Dr Rachel Bocher, son homologue de l'Intersyndicat national des PH (INPH). Une nouvelle réunion avec Olivier Véran est prévue jeudi 2 juillet. Les syndicats devraient y faire leurs contre-propositions.