55 heures par semaine contre 48 heures réglementaires… Le temps de travail est toujours problématique chez les internes, selon la dernière enquête d'envergure réalisée par l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) dont les premiers résultats ont été publiés le 12 septembre.
Depuis 2015, le temps de travail des jeunes médecins est découpé en 10 demi-journées : 8 demi-journées de travail dans le service, une demi-journée de formation dite « universitaire sous responsabilité du coordonnateur du DES » et une demi-journée de formation personnelle.
Laxisme
De mai à juillet, près de 8 000 internes, majoritairement des spécialités médicales, ont participé à l'enquête lancée en ligne par le syndicat. Si les résultats sur le temps de travail affichent du mieux – 55 heures contre 60 heures en 2012 –, ceux concernant le repos de sécurité sont très alarmants. 30 % des internes interrogés déclarent ne pas pouvoir prendre systématiquement leur repos de sécurité en lendemain de garde alors qu'il n'était que 21 % en 2012. Pour Antoine Reydellet, président de l'ISNI, ces résultats sont inacceptables. « C'est une dégradation de nos conditions de travail probablement causée par plusieurs facteurs, explique-t-il au « Quotidien », dont la réforme du troisième de cycle, la rigidité des maquettes de diplômes d'études spécialisées mais aussi un laxisme de certains services. »
Les internes réclament une nouvelle fois un durcissement des sanctions et surtout le retrait de l'agrément de stage des services abusifs. Cela reste, toutefois, difficile à mettre en œuvre. « Parfois, les capacités de formation de certaines spécialités sont limitées » rendant la fermeture du stage impossible, poursuit Antoine Reydellet.
Au-delà du repos de sécurité, les résultats de l'enquête montrent qu'un seul interne sur quatre prend sa demi-journée de formation. L'activité croissante à l'hôpital et le manque de moyens poussent les jeunes médecins à rester dans leur service pour épauler leurs confrères. « Certains internes culpabilisent de poser leur journée de formation, sachant que leurs collègues auront de facto plus de travail », illustre le président de l'ISNI.
Miser sur le temps de travail additionnel
D'autres résultats de l'enquête, plus précis, seront dévoilés dans les prochaines semaines. En attendant, l'ISNI rappelle que pour assurer un meilleur suivi du temps de travail, l'installation d'un tableau de service est obligatoire. Cette mesure est encore trop peu respectée. Le syndicat réclame aussi la publication du temps de travail moyen par service hospitalier avant le choix des stages semestriels. Surtout, le syndicat plaide depuis plusieurs années pour la mise en place du temps de travail additionnel (TTA) déjà promis en 2016 par Marisol Touraine, précédente ministre de la Santé. Ce dispositif permettrait aux internes d'être rémunérés au-delà de 48 heures hebdomadaires, pour certaines spécialités et sur la base du volontariat. L'ISNI espère qu'Agnès Buzyn, ministre de la Santé, ouvrira des négociations cette année.
Le temps de travail est un problème revenant sans arrêt sur le devant de la scène. En février dernier, l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) rapportait dans une enquête réalisée par ses soins que 35,5 % des généralistes en stage hospitalier dépassaient les 48 heures hebdomadaires. Et 3,9 % des jeunes interrogés déclaraient même dépasser les 80 heures par semaine en établissement. Les stages en médecine d’urgence et en médecine adulte sont les plus pourvoyeurs de dépassement du temps de travail. Plus de 40 % des jeunes y travaillent entre 48 heures et 60 heures.
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