Les stages hospitaliers des internes de médecine générale ne leur permettent pas d'accomplir leurs travaux facultaires et d'assister aux enseignements toutes les semaines, révèlent les résultats préliminaires d'une enquête* sur les demi-journées hors stage du Collège national des généralistes enseignants (CNGE).
Le temps de travail n'est pas respecté sur les demi-journées de stage. Gros problème : les stages hospitaliers écrasent les deux demi-journées consacrées aux travaux facultaires et à l'enseignement. Actuellement, un interne doit réaliser 10 demi-journées, soit 48 heures de travail hebdomadaires découpées en 8 demi-journées de stage, une demie de présence facultaire (cours) et une demie de travail personnel pour le mémoire, la thèse ou autre.
L'enquête montre qu'un interne en médecine générale effectue en moyenne 9,54 demi-journées en stage par semaine. Néanmoins, le planning est plus respecté en stage ambulatoire qu'à l'hôpital. Ainsi, 268 internes en stage chez le praticien de niveau 1 et 435 en SASPAS (stage autonome en soins primaires ambulatoire supervisé) confirment réaliser maximum 8 demi-journées de stage par semaine. À l’inverse, les internes en stage hospitalier bûchent plus longtemps : 286 juniors en stage urgences et 440 en stage femme/enfant travaillent un peu plus de 10 demi-journées par semaine. 359 internes de médecine polyvalente effectuent même 11 demi-journées hebdomadaire.
Plus les demi-journées s'enchaînent, plus la charge de travail est vécue comme difficile. Chez les jeunes praticiens exerçant plus de 10 demi-journées par semaine, 37 % des internes trouvent que leur charge de travail en stage est « lourde » à « très lourde ».
Ces emplois du temps pèsent sur le reste de leurs obligations comme la rédaction du mémoire ou de la thèse. Plus la durée du stage s'allonge, moins l'interne consacre du temps à ses travaux facultaires. 57 % estiment la charge de travail relative à la rédaction des travaux facultaires « lourde » à « très lourde ».
66 % des internes jugent les travaux facultaires inutiles
Fait intéressant, il existe une corrélation entre le nombre de demi-journées de stage et l'utilité des travaux facultaires. Plus l'interne effectue de demi-journées, moins il trouve d'utilité aux travaux facultaires. Ainsi, 384 juniors réalisant plus de 10 demi-journées pensent que ces travaux sont « inutiles ». 929 réalisant plus de 9,5 demi-journées par semaine « peu utiles ». Au total, les travaux écrits facultaires sont jugés peu utiles à inutiles dans 66 % des cas. À l’inverse, 628 internes réalisant 9,25 demi-journées par semaine les estiment utiles.
Concernant la présence en cours, 20 % des internes ayant participé à l'enquête précisent rencontrer des difficultés pour y assister. La difficulté à s’absenter en stage pour aller en cours est liée au nombre de demi-journées en stage. Plus l'interne travaille, plus il a du mal à s'absenter de son lieu de stage. Dans 65 % des cas, la pression hiérarchique est l'un des obstacles. « Elle peut être implicite et passer par des réflexions comme "prendre une demi-journée est anormal", "il faut être là pour le patient", "le service ne fonctionne pas comme ça" », explique le Pr Vincent Renard, président du CNGE.
Pour le CNGE, ces résultats étaient attendus mais personne ne les avait encore prouvés. C'est chose faite. « Il faut que la réglementation du temps de travail hors stage soit respectée. Les stages hospitaliers grignotent du temps à l'apprentissage de l'interne en médecine qui souhaite exercer en ambulatoire, poursuit le Pr Renard. Si demain, un interne projette de s'installer, il faut qu'il fasse des travaux et des enseignements facultaires. »
Le détail des résultats de l'enquête sera publié d'ici deux mois.
* Enquête réalisée entre septembre et novembre 2019 auprès de 2003 internes de DES de médecine générale par questionnaire en ligne envoyé par les départements de médecine générale.
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