Comme les patients, les internes très mobilisés dans la lutte contre le Covid-19 sont aussi susceptibles d'être transférés pour renforcer les équipes médicales dans les régions les plus touchées. En Ile-de-France, en plein dans l'œil du cyclone, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) ne chôme pas. Ces deux dernières semaines, la cellule de crise du bureau local a réaffecté 1 200 internes dans les services en tension, principalement en réanimation, sur 1 700 jeunes volontaires.
Si la quasi-totalité des réaffectations se sont bien déroulées, plusieurs organismes représentatifs des juniors ont relevé une série de couacs, dont celui d'une interne d'anesthésie-réanimation d'Occitanie envoyée en Ile-de-France, qui mettent en lumière des dysfonctionnements et un manque de communication avec les tutelles sanitaires.
Concrètement, cette interne a été envoyée dans un établissement francilien qui affichait… déjà complet. « L'agence régionale de santé Occitanie a été chargée de trouver une cinquantaine de soignants pour l'Ile-de-France. Trois internes d'anesthésie-réanimation étaient volontaires, explique Léonard Corti, secrétaire général de l'ISNI. Arrivée dans le service de réanimation à Paris, on a dit à cette interne que l'équipe était complète et qu'ils avaient en fait besoin d'infirmières de réanimation. » Malgré tout, l'interne d'Occitanie est restée et a intégré l'équipe médicale. « Un taxi l'attendait à la gare et elle a obtenu 13 euros pour dîner le soir via Uber Eats », temporise la référente de la filière des internes d'anesthésie-réanimation de Montpellier, Florène.
Reste que l'ISNI a relevé la semaine dernière d'autres témoignages d'internes en médecine « mobilisés dans des services sans attente ni besoins médicaux, avec une prise en charge chaotique de leur transport et hébergement ».
Trois internes bordelais ont eux aussi été affectés en surplus dans deux établissements parisiens, selon les remontées de terrain du syndicat. « Ils sont une vingtaine d'internes pour 50 lits », ajoute Justin Breysse, chef de file des internes.
Ces ratés administratifs sont incompréhensibles pour l'ISNI. « En Ile-de-France, nous avons une cellule de crise pour les réaffectations, personne n'était au courant », poursuit Léonard Corti, ajoutant qu'une trentaine d'internes d'autres régions ont été recensés pour aider la région francilienne.
L'ISNI rappelle aussi que les médecins seniors doivent être mobilisés en premier pour superviser les internes qui viennent prêter main-forte. « À ce jour, nous n'avons aucune visibilité sur les médecins volontaires et réaffectés par l'ARS », précise le secrétaire général du syndicat. Autre condition sine qua non aux mobilisations inter-régionales de juniors : les accueillir dans des conditions optimales d'hébergement, de transports et de matériel de protection.
Plus de relais d'internes en réanimation
Le manque de coordination entre les jeunes et l'ARS francilienne est également pointé du doigt par le syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) et le syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG). « Nous n'avons reçu aucune information de l'ARS les premiers jours de l'épidémie. Ce silence a révélé l'incapacité de notre ARS à évaluer les besoins en interne dans l'ensemble de l'Ile-de-France et à organiser le redéploiement des internes pour venir en aide aux services hospitaliers dans le besoin », notent-ils.
La cellule de crise des internes prévient avoir réaffecté tous les internes ayant des compétences en réanimation dans les services en tension. Le SIHP note qu'il n'existe aujourd'hui « plus aucune capacité de relais de ces internes si les premiers viennent à tomber malades » ou à souffrir d'épuisement. En temps normal, un interne travaille en moyenne 58 heures hebdomadaires à l'hôpital, rappelle l'ISNI.
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