Où l’on reparle de coercition à l’installation. La semaine passée, l’Association des maires ruraux de France (AMRF) a publié une enquête sur la désertification médicale, révélant que le nombre de cantons dépourvus de médecins avait augmenté de 62 % entre 2010 et 2017. Selon ce travail, les zones rurales étaient davantage pénalisées par la désertification médicale que les zones urbaines.
Si le document n’évoque pas d’éventuelles mesures coercitives, les représentants des internes (Isnar-IMG) et des jeunes généralistes (ReAGJIR)* en sentent poindre le spectre. Et les deux organisations ont raison de se méfier. Dans un entretien accordé à Marianne à la suite de la publication de cette enquête, Dominique Dhumeaux, maire de la Fercé-sur-Sarthe et vice-président de l’AMRF, estime qu’il « faut légiférer pour pousser les médecins à aller vers les zones (sous denses) ». L’an passé, l’édile s’était déjà fait remarquer en dénonçant le « lobby des médecins généralistes ».
Jointe par Le Généraliste, la porte-parole de l’Isnar-IMG Anne Goulard, indique « partager » le constat établi par l’enquête. Toutefois, elle remet en cause certains choix méthodologiques dans les enquêtes de l’AMRF sur l’accès aux soins. Notamment celui de choisir comme indicateur le taux de médecin par habitant plutôt que l’APL (accessibilité potentielle localisée), qui prend en compte le temps d’accès au praticien, l’activité/nombre de consultations de chaque médecin et enfin la demande de soins par rapport à l’âge des habitants.
« Il n’y a pas qu’une solution »
« On entend parler de territoires sous-dotés mais aucun n'est pour autant surdoté », souligne quant à elle le Dr Laure Dominjon, présidente de ReAGJIR, dans un communiqué de presse diffusé mardi.
Les représentantes de l’Isnar-IMG et ReAGJIR s’opposent donc fermement à toute forme de coercition. « Tout n’est jamais tout blanc ou tout noir, il n’y a jamais qu’une seule solution », insiste Anne Goulard. « Le déficit démographique médical est partout le même mais chaque territoire a ses particularités, complète le Dr Dominjon. Aussi, la répartition doit tenir compte des singularités des populations présentes et ne peut pas être uniformisée. »
L'Isnar-IMG et Reagjir renvoient les édiles au guide élaboré avec l’ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France), publié il y a un an. Lequel attire notamment l’attention sur le rôle des élus pour attirer les futurs médecins, en préconisant par exemple la mise en place d’hébergements territoriaux des étudiants en santé (HTES), que ce soit pour les externes ou les internes.
« Nous avons énormément travaillé pour proposer aux élus des outils. Cela est très important pour nous de les aider, nous sommes disponibles pour discuter avec eux, nous essayons d’échanger au maximum », assure Anne Goulard.
* Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale et regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants
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