Du début à la fin, le fiasco aura été total. Depuis lundi, une répétition générale des ECN en version numérique - celle qui prévaudra, pour la première fois, en juin prochain - était proposée à tous les étudiants en D4 (soit la dernière année d’externat). Mais les bugs et dysfonctionnements n’ont cessé d’entacher ces épreuves test.
Tout avait pourtant bien commencé, lundi. La matinée était consacrée à la prise en main du dispositif et à un test de connexion au serveur national. « Ça a fonctionné », rapporte Thomas Silva, étudiant en médecine à Lyon-Est. Mais c’est, semble-t-il, la seule fois. Car l’après-midi, l’épreuve dite de dossiers cliniques progressifs a dû être interrompue moins de 40 minutes après le début. « Ça a rapidement planté », poursuit le Lyonnais, ancien élu au conseil de sa faculté, « beaucoup d’étudiants ont été déconnectés ». Quant à ceux qui étaient toujours connectés, ils devaient faire face à « beaucoup de lenteur du système pour valider les réponses », précise Thomas Silva. Finalement, l’épreuve a été annulée, près d’une heure après avoir été lancée.
Mardi, épreuve du matin annulée, épreuve de l'après-midi supprimée
[[asset:image:8306 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":["\/DR"],"field_asset_image_description":[]}]]Dans la nuit, « le CNG (N.D.L.R. : centre national de gestion, chargé d’organiser les ECN) a augmenté la capacité de ses serveurs », croit savoir Sébastien Foucher. Ce qui n’a toutefois pas permis aux épreuves du mardi de se tenir convenablement. « Les étudiants sont venus pour une épreuve différente de la veille, les questions isolées », explique le président de l’Anemf, le syndicat des étudiants en médecine, « mais au bout de 30 minutes d’épreuve, il y a eu des déconnexions massives ». Face à ce que Thomas Silva qualifie de « plantage national », il a été mis fin à cette épreuve. Et l’étude de dossiers cliniques prévue l’après-midi tout bonnement annulée.
Ces dysfonctionnements ont dissuadé certains des quelques 8 000 candidats aux ECN de se rendre, mercredi, dans leur centre d’examen. À l’échelle nationale, « 20 à 40 % d’étudiants ne seraient pas venus » selon des estimations du Pr Jérôme Étienne, doyen de la faculté de Lyon-Est, rapportées par Thomas Silva. À l’Anemf, on avance le chiffre de 5 000 étudiants présents, soit près de 3 000 absents. Pourtant, le matin, « la lecture critique d’article s’est relativement bien passée », note Sébastien Foucher. Même si Thomas Silva a noté quelques gênes, « page qui quittait toutes les dix minutes, des difficultés à surligner des passages »… Quant à la dernière épreuve, un temps annulée avant d’être reconfirmée dans le courant de la matinée, « beaucoup d’étudiants ont décidé de ne pas y aller, pensant que ça ne marcherait pas », décrypte Thomas Silva pour qui aller à la bibliothèque serait plus productif que se rendre à l’épreuve.
« De nombreux étudiants ont dit stop, considérant qu’ils avaient suffisamment été utilisés comme bétâ-testeurs », abonde Sébastien Foucher. À ses yeux, « les étudiants ont été exemplaires en se mobilisant malgré les bugs ». Pour Benjamin Birene, en 6ème année de médecine à Paris VI, ces trois jours se sont révélés « très déstabilisants. C’est frustrant car ça fait six mois qu’on travaille dans cette perspective, on allait enfin pouvoir voir à quoi ça ressemble (les ECNi) », regrette celui qui pourrait être tenté par l’internat de médecine générale.
Des étudiants déstabilisés à 6 mois des ECN officiels
L’attitude du CNG n’a pas arrangé les choses. Ces bugs en cascade ne l’ont en effet pas empêché de considérer, dès mardi soir, que « le transfert sur l’application ECNi du CNG des sujets (…) a été performant. Le téléchargement par le CNG des sujets d’épreuves sur la tablette des candidats a été globalement satisfaisant. » Une appréciation loin d’être partagée sur le terrain. « Tous les étudiants ont trouvé le communiqué insultant », assure Thomas Silva, « il n’y avait pas d’aveu d’échec, pas la moindre forme d’excuse ». Par la voix de son président, l’Anemf demandait ce mercredi « au CNG d’assumer ses échecs » et, plus largement, de « tirer les conclusions (de ces ECNi) : il faut donner suffisamment de moyens au CNG pour travailler ». Notamment pour pouvoir faire appel à d’autres prestataires de services. Car le temps passe et « il est trop tard pour faire marche arrière », rappelle Benjamin Birene : les épreuves officielles de juin seront dématérialisées.
D’ici là, une nouvelle vague d’épreuves test est prévue du 7 au 11 mars. « Cela ne pourra pas être le même fiasco qu’aujourd’hui », prévient d’emblée Sébastien Foucher. Si aucun nouveau test national n’est prévu, des examens blancs pourront être organisés localement. Car la priorité reste, pour le président de l’Anemf, « se laisser le temps pour développer et optimiser la plateforme » dont les serveurs sont appelés à tourner à fond du 20 au 24 juin 2016.
Les MSU, acteurs clés de l’encadrement des docteurs juniors
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale