C’est un sentiment « d’injustice » et de « désespoir » qui anime la dizaine de médecins du DIU contraception et orthogénie de l’université Paris-Cité.
Alors qu’ils s’étaient inscrits en imaginant obtenir leur diplôme en passant simplement un examen au mois de juin pour valider leur année (comme indiqué sur le site de l’université lors de leur inscription), ils ont, le jour de la rentrée de février, eu une bien mauvaise surprise.
« Pendant la présentation de notre DIU, organisée en même temps que celle d’un DIU équivalent de l’université de La Sorbonne, nous avons été étonnés d’apprendre que nous allions devoir rédiger et soutenir un mémoire pour valider notre diplôme. Cela n’était pas du tout mentionné sur le site lors de nos inscriptions. Les étudiants de La Sorbonne étaient eux au courant », soutient la Dr M*, médecin généraliste spécialisée en gynécologie à Paris, inscrite au DIU.
Fausse note
Surpris, les dix étudiants de la promotion 2024 pensent qu’il s’agit d’un simple malentendu. Certains élèves décident alors d’envoyer un mail au responsable du diplôme, le Pr Jean-François Gautier, pour tenter d’y voir plus clair. « Il nous a répondu deux semaines après en mentionnant simplement : “Le mémoire est obligatoire” », glisse le Dr M*.
Ce qu’on veut, c’est qu’on nous rende justice !
Dr M*, généraliste à Paris
Pour la praticienne et bon nombre de ses camarades, impossible de se consacrer convenablement à ce travail de recherche dans le temps imparti. « Si j’ai choisi ce diplôme et pas un autre c’est parce qu’il était indiqué qu’un unique examen était nécessaire pour le valider. À aucun moment il n’a été question de soutenir un mémoire, c’était clair sur la fiche explicative du site, appuie-t-elle. Comme moi, mes confrères sont responsables d’une patientèle et ne peuvent pas se permettre de travailler en plus de ce qu’ils ne font déjà ! »
Dans le cas de la Dr M*, la soutenance d’un mémoire en septembre est même physiquement inenvisageable. « Mon accouchement doit avoir lieu en septembre ! », justifie-t-elle.
Contacté par Le Quotidien, le Pr Jean-François Gautier, responsable du DIU, reconnaît sa part de responsabilité dans cette affaire. « C’est vrai qu’il y a eu une erreur administrative et que ce n’était pas mentionné sur le site. Mais cela a été rectifié dès la première session de cours », recadre-t-il.
Compromis financier
Face à cette fausse note, les étudiants du collectif ont saisi le service juridique de la faculté. Ils réclament d’être purement et simplement exemptés de ce travail. « Ce qu’on veut, c’est qu’on nous rende justice ! », exigent-ils. Mais pour le Pr Gautier, hors de question d’avantager les étudiants de Paris-Cité plutôt que ceux de La Sorbonne. « C’est une question d’équité, insiste-t-il. Ce travail de recherche est très important. D’ailleurs, je pense que s’ils avaient dépensé toute l’énergie qu’ils dépensent actuellement pour ne pas faire ce travail, ce serait une affaire réglée ! »
Pour calmer le jeu, le responsable du DIU a proposé aux étudiants de soutenir leur mémoire dans un an, sans payer les frais de scolarité. « Cela me semble un bon compromis », avance-t-il. Mais pour le collectif, cette solution n’en est pas une. « L’année prochaine, la plupart de la promotion sera déjà sur d’autres projets de formation », balaye d’un revers de la main le Dr M*.
La Dr M* a préféré rester anonyme.
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