La désertification médicale n'est pas une fatalité. Mais l'avenir de la médecine générale se joue aujourd'hui. Le Dr Claude de Bourguignon, médecin de famille pendant 40 ans et le Pr Patrice Queneau, ancien doyen de Saint-Étienne et membre de l'Académie de médecine, livrent leur ordonnance pour « sauver le médecin généraliste », titre de leur ouvrage (320 pages, 23 euros, paru aux éditions Odile Jacob).
Dans cet ouvrage, les deux auteurs dressent tout d'abord un état des lieux sans concession de la discipline. Ils reconnaissent la « désaffection dramatique » des jeunes pour l'exercice de la médecine générale, spécialité toujours méconnue avant le choix d'internat, l'enseignement étant encore trop majoritairement dispensé à l'hôpital.
Malgré la reconnaissance universitaire avec la création d'un DES en 2004, la médecine générale demeure une spécialité qui « sélectionne par l'échec, majoritairement tout du moins », écrivent les deux médecins.
Claude Bourguignon et Patrice Queneau recommandent d'agir en urgence. Il est indispensable, selon eux, de revoir la sélection des étudiants et le cursus, d'imaginer un exercice moins contraignant et de remettre à plat la rémunération des généralistes « totalement inadaptée ».
Les auteurs veulent croire qu'en dépit des évolutions technologiques (télémédecine, numérique en santé...), jamais rien ne pourra remplacer l'expertise clinique du médecin et le colloque singulier.
Un cursus à revoir de fond en comble
Pour faire face aux mutations du métier, ils suggèrent de faire évoluer la formation des futurs généralistes en réformant en urgence le concours de la PACES et en diversifiant le profil des futurs médecins encore majoritairement issus de bacs scientifiques.
Ancien doyen, le Pr Queneau propose que les étudiants remplissent deux prérequis pour pouvoir s'inscrire dans des études de santé : qu'ils aient validé un brevet d'aptitude à délivrer les premiers secours et qu'ils aient réalisé un stage de découverte d'une semaine à l'hôpital ou en médecine libérale. Ceci permettrait de vérifier leur véritable motivation.
Les auteurs préconisent d'expérimenter une filière spécifique de médecine générale ouverte au concours dès la fin de la première année. Les futurs omnipraticiens qui s'engageraient, une fois diplômés, à exercer pendant quelques années dans une zone déficitaire, bénéficieraient en contrepartie d'une aide financière pendant leurs études.
Les maisons de santé sont présentées comme un modèle d'avenir, surtout en milieu rural ou dans les banlieues. Le Dr de Bourguignon et le Pr Queneau estiment qu'elles pourraient être le lieu où « déléguer certaines tâches pour libérer du temps purement médical ».
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