« Ceux d’entre nous qui s’intéressent aux choses de l’internat doivent se souvenir qu’au congrès de Bordeaux en mai dernier parmi les vœux votés à l’unanimité par les représentants de tous les internats français – y compris Paris – se trouvait celui-ci : “ Les internes des hôpitaux des villes qui sont le siège d’une faculté de médecin et qui sont nommés au concours pourront, après un an d’exercice et sans repasser par l’externat, se présenter directement au concours de l’internat des autres villes, siège de facultés de médecine ”. Ce vœu recevait tout récemment l’appui officiel du Comité de l’Association des internes et anciens internes des hôpitaux de Paris ; et le Dr Jayle, dans un article de la “ Presse médicale ” vient de chercher à en montrer les nombreux avantages. J’ai reçu à ce sujet d’un de nos confrères de la ville, ancien interne de province, une lettre dont je transcris bien volontiers les principaux passages :
“ Véritablement je suis ému, profondément ému de la sollicitude des messieurs de l’internat de Paris. Pour nous les Grands Prêtres vont remuer les portiques du Temple ; oh, bien doucement car chacun sait qu’il ne faut pas toucher à l’institution de l’internat qu’avec une prudente circonspection, ses murs se lézardant probablement d’inquiétante façon… L’internat des hôpitaux de Paris est en danger : les postes dans les facultés de province, la considération, la clientèle échappent à MM. les internes de Paris. La décentralisation opère ; et, au-delà des fortifications de la grand’ville, il s’est organisé des centres intellectuels et médicaux jusqu’ici volontairement ignorés, méprisés par les Parisiens et qui, maintenant qu’ils ont pris conscience de leur valeur, se passent parfaitement de Paris, inquiètent la capitale. Songez donc : voici que désormais le personnel des hôpitaux et des facultés de province se recrute uniquement parmi les élèves de ces facultés et que ces postes honorifiques ou rémunérateurs passent sous le nez des anciens internes de Paris ? Bien plus, ne voilà-t-il pas qu’on va chercher en province des professeurs pour la faculté de médecine d Paris !
S’il va comme simple praticien dans une ville de province, l’ancien interne de Paris s’aperçoit vite qu’il n’éblouit pas plus que l’ancien interne de la faculté provinciale voisine. Cela ne prend plus, l’auréole a pâli. Le côté productif se ressent fortement de ce fâcheux état de choses. Comme le dit M. Jayle, le rayonnement de Paris diminue depuis quinze ans dans une proportion considérable. Il faut que l’association pare rapidement à ce danger, sans quoi les clients oublieront tout à fait le chemin de Paris et les maîtres des facultés de province achèveront de supplanter les consultants de Paris. Et, dans un élan de générosité digne du loup du Petit chaperon rouge, ces messieurs de l’internat de Paris nous crient ; entrez donc, nous vous ouvrons l’huis… pour mieux vous manger, mes enfants !
Au reste, pour qu’il n’y ait pas de doute sur la haute estime où ces messieurs tiennent leurs soi-disant camarades provinciaux, M. Jayle explique que ce vœu, supprimant la nécessité d’être ancien externe des hôpitaux de Paris pour se présenter à l’internat des dits hôpitaux, sera un grand avantage pour les internes ayant un an d’exercice en province. D’ailleurs, il ajoute que personne dans le milieu médical n’attache une grande importance au titre d’externe des hôpitaux. Ce qui se traduit en mathématiques par l’équation : externe des hôpitaux de Paris = interne des hôpitaux de province = O ou à peu près. Telle est, quoiqu’ils puissent protester, l’opinion de messieurs les internes de Paris. Mépris des provinciaux, désir de prendre leurs places ; voilà le résumé de tous ces beaux discours ! »
Je ferai remarquer à mon spirituel correspondant que le vœu, tel qu’il a été voté, s’applique à tous les internats, qu’ils soient de Paris ou d’ailleurs. Par conséquent, s’il plaît un beau jour à un interne de Paris de se présenter à l’internat de Lyon ou de Bordeaux, il n’aura pas besoin de repasser le concours d’externat, mais il devra nécessairement se plier aux exigences du concours d’internat de Bordeaux ou de Lyon.
Évidemment, cette hypothèse fait sourire : on conçoit bien qu’un interne de province puisse concourir à l’internat de Paris, mais on ne s’imagine guère un interne de Paris concourant à un internat de province. Pourtant ce n’est là qu’un retour au vieux principe décentralisateur de nos ancêtres qui voulait qu’un docteur désirant exercer la médecine en une quelconque ville de France fut agrégé, c’est-à-dire examiné par ses collègues de la dite ville. Paris, tout autant que les autres capitales de province, se soumit durant des siècles à cette règle fort sage ; et il est bien possible que les événements l’obligent a y revenir plus tôt qu’on ne le pense… »
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