Comment se constituer un bon réseau de correspondants ?

La tendance est à l'exercice de groupe et à la coordination entre tous les professionnels de santé. Se constituer un bon réseau de professionnels correspondants est donc indispensable lorsqu'un généraliste s'installe. Les jeunes médecins ont déjà une ébauche de réseau élaborée pendant leur cursus hospitalo-universitaire, durant les stages d'internat en ambulatoire ou au cours de leurs remplacements. Comme en témoigne le Dr Lucie Gasc, installée en Haute-Garonne depuis 3 ans : « Mon expérience locale de stagiaire m’a fourni la base de mes contacts et j'ai ensuite beaucoup échangé par chat avec des collègues et des paramédicaux. Ceux-ci sont venus enrichir mon réseau de correspondants ». 

> Communication. Kinésithérapeute, infirmier, ostéopathe, biologiste, pharmacien… La clé est d'établir un lien de confiance avec ces professionnels après une première rencontre de présentation. Dans la prise en charge de la personne âgée, le médecin généraliste s’adresse à 80 % à des infirmiers libéraux de proximité. 

> Expertise. Lorsqu'un patient doit être adressé à un professionnel paramédical, un kiné par exemple, il est important de connaître par ailleurs sa surspécialité. Les patients qui ont besoin d’une rééducation post-partum ou post-traumatique ne seront pas orientés de la même manière.  

> Réseau de spécialistes. Chez les médecins spécialistes, les délais pour obtenir un rendez-vous peuvent parfois nécessiter une démarche active pour trouver une consultation libre. Le généraliste a le choix de se tourner vers un service hospitalier ou il a travaillé ou de compter sur un ancien camarade de fac qui a choisi cette spécialité… L'historique des dossiers patients s'avère aussi être riche d’informations quand il s'agit de trouver le spécialiste le plus compétent pour une pathologie donnée. Ne jamais laisser tomber son patient quitte à le rappeler ultérieurement si la réponse n’est pas dans le carnet d’adresses. La rapidité de réponse du médecin spécialiste correspondant est un des éléments déterminants dans l'inscription régulière de celui-ci au sein du réseau. 

Exemple : si un jeune généraliste fraîchement installé reçoit en consultation un patient fracturé crânien passé par les urgences de l’Hôpital de Lariboisière la semaine passée et que celui-ci se plaint d'une perte d’odorat, le médecin de famille cherche alors un rendez-vous en neurologie. Il le  trouve rapidement en contactant le même hôpital. Le spécialiste qui a vu le patient aux urgences la semaine précédente, lui propose un nom au bout du fil. 

> Carnet d'adresses. Dans un article intitulé Modalités de constitution du carnet d'adresses des médecins généralistes de la revue Pratiques et organisation de soins (2010)*, les auteurs citent cinq critères d’élaboration de ce carnet : « connaître les dépassements d’honoraires de leurs confrères spécialistes ; connaître le niveau d’expertise ; se familiariser avec l’organisation du CHU ; se voir présenter les spécialistes nouvellement installés par l’envoi d’une plaquette ou par une visite au cabinet médical ; développer des rencontres indépendantes entre les médecins généralistes et leurs confrères spécialistes ».  

> Collectivités territoriales. Leur aide à l’élaboration du réseau augure d’une meilleure intégration du nouvel installé. Au cours d’une table ronde des syndicats de jeunes médecins à l’Assemblée nationale** en avril dernier, Jean-Baptiste Bonnet, alors président de l’InterSyndicat national des internes (ISNI), expliquait ainsi les attentes des jeunes : « Nous attendons des collectivités la création d’organisations de professionnels dans un bassin de population pour savoir qui est où et qui fait quoi. C’est ainsi que moi, médecin, quand je m’installe dans un territoire, je sais à qui adresser mes patients ».

> Ville-hôpital. Le Dr Vanessa Fortané, vice-présidente du syndicat ReAGJIR (jeunes médecins, remplaçants et chefs de clinique), ajoute : « Dans la région où j’exerce, l’hôpital local s'invite en ville. Les chirurgiens ont une consultation au sein de notre cabinet deux fois par mois, de sorte que plus aucun patient ne cherche un chirurgien orthopédique par exemple ». Il arrive donc que les contacts servent aussi à organiser des consultations avancées de spécialités en ambulatoire.

La constitution d’un réseau se fait ainsi à double sens. Le carnet d’adresses est une véritable bible pour le jeune généraliste qui s'installe. À lui de l'étoffer au fil des années et de tisser un réseau solide pour accompagner au mieux ses patients dans le parcours de soins.

* Volume 41 revue Pratiques et Organisation des soins, Modalités de constitution du carnet d'adresses des médecins généralistes E Sejourne, F. Pare, P Moulevrier, Maëla Tanguy et Serge Fanello. 

** Commission d’enquête sur l'égal accès aux soins des Français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain.