Il a longtemps été considéré que la recherche était chasse gardée des spécialistes et du domaine universitaire. S’il est vrai qu’il n’existe pas de statut spécifique de généraliste chercheur, les médecins de famille ont toutes les compétences et la matière pour produire de l’information et participer aux travaux scientifiques, et ce rapidement après leur installation. Par le recueil de données, l’analyse de sa pratique et la pharmacovigilance, le médecin généraliste contribue à l’enrichissement des connaissances médicales. « Enseigner est une façon de stimuler sa pratique, de sortir de son quotidien, de se décloisonner et de développer sa curiosité dans un domaine qui nous intéresse plus particulièrement », explique le Dr Paul Frappé, nouveau président du Collège de la médecine générale.
« Ouvrir le capot et créer de la donnée »
Pour ce généraliste enseignant, chercheur issu de la filière universitaire, il est question d’« ouvrir le capot pour découvrir comment est faite la science et créer de la donnée scientifique ». En participant à la recherche dans le champ des soins primaires, le généraliste améliore sa pratique en y intégrant les données les plus actuelles. « La pratique et la recherche sont deux activités complémentaires qui se nourrissent mutuellement », remarque Paul Frappé. Pour ce chercheur, l’enjeu est de développer une spécificité et de ne pas devenir des apprentis touche à tout : « Notre métier n’est pas un petit morceau des autres spécialités, mais un métier à part entière que l’on peut mieux construire en faisant de la recherche ». Assumer sa légitimité dans ce domaine, c’est améliorer la qualité des soins prodigués et les moyens de prévention proposés à ses patients. Et ce, dans l’intérêt de la profession dans sa globalité.
Comment se lancer ?
Simple collecteur d’information ou chercheur à temps partiel, il y en a pour tous les profils et tous les agendas. Pour accéder à la recherche, plusieurs portes peuvent être poussées sans qu’il y ait de sélection des candidats à l’entrée. Des formations non diplômantes existent, mais il est également possible de se lancer dans un Master 2. Un document publié par la French Association of Young Researchers in General Practice (FAYR-GP), l'association française des jeunes chercheurs en médecine générale, propose une liste non exhaustive des formations diplômantes. Ce guide résulte de deux enquêtes réalisées par la FAYR-GP auprès d’internes et de jeunes médecins susceptibles d’avoir effectué une année de Master 2 dans leur cursus. Il permet de découvrir l’intérêt de tel ou tel cursus en termes de formation à la recherche en soins primaires. Cependant, avant de se lancer dans une formation diplômante relativement chronophage, le Dr Frappé conseille de se rapprocher des organismes compétents pour préciser son projet et se faire une idée sur les options disponibles.
Vers qui se tourner ?
Plusieurs sociétés savantes et associations très dynamiques encadrent la recherche dans le domaine des soins primaires. La FAYR-GP a pour objectif de promouvoir et développer au niveau national et international la recherche en médecine générale et en soins primaires. L’association anime un réseau national et international d’échanges entre jeunes chercheurs, propose des outils pour aider à faire de la recherche et organise des événements pour se former et valoriser les travaux des jeunes chercheurs.
Le Collège de la médecine générale (CMG) regroupe quant à lui l’ensemble des organisations qui œuvrent pour la discipline « médecine générale » dans les champs professionnel, scientifique et universitaire. Le CMG facilite la représentation et la promotion de la qualité de l’exercice professionnel de la médecine générale, notamment concernant la validation et la production de recommandations en soins primaires et la recherche en médecine générale. Les médecins de famille peuvent aussi se tourner vers la Société Française de Médecine Générale, société savante qui favorise la recherche et l’action dans les domaines scientifiques, sociologiques et économiques. Elle apporte son concours à la formation universitaire et postuniversitaire des médecins, à l’évaluation des pratiques professionnelles et à l’amélioration du système de soins.
V.A.
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