Il ne semble pas y avoir de règles mais les lignées de médecins sont assez fréquentes ! Et quand cela arrive, il ne s'agit pas seulement de reproduction sociale. Les jeunes praticiens que nous avons interrogés l'affirment haut et fort : leur choix professionnel ne leur a pas été imposé mais est bien le fruit de leur désir. Et très souvent, la médecine générale, exercée par un modèle parental a pu servir d’exemple ou être source de motivation.
Dans la famille Lechevalier, Agathe a pris le flambeau sans aucune pression. A 19 ans, alors qu’elle s’imaginait sage-femme, elle a l’envie de découvrir et d'apprendre au-delà du champ de la maternité. « La médecine est venue à moi », résume-t-elle. Quand elle l’annonce à ses parents médecins généralistes, c’est l’étonnement mêlé de fierté. Dans l’entretien croisé avec ses derniers, on sent le lien très fort qui unit cette jeune femme à ses géniteurs !
Son père explique d'abord sa surprise quand sa fille lui a annoncé son intention de devenir médecin : « On n’avait jamais évoqué le sujet et quand plus tard elle a opté pour la spécialité de médecine générale, je me suis dit que ma femme, médecin elle aussi, et moi-même avions transmis une image positive de la profession. Cela nous a rendus fiers et heureux. » Aujourd’hui, Agathe Lechevalier vit son métier dans la continuité et la différence. Elle exerce à 300 km du cabinet paternel. Mais elle semble s’être nourrie de cette riche expérience familiale, acquise essentiellement aux côtés de professionnelles de santé, d’une grand-mère arrivée première femme-dentiste de son université, d’une tante spécialiste et de ses deux parents médecins libéraux dans Les Deux-Sèvres.
« Adolescente, il était hors de question pour moi de devenir médecin, reconnaît-elle pourtant. Puis durant les premières années d’études, j’avais un peu peur du regard des autres et de la comparaison, et je ne me suis jamais vantée d’avoir des parents médecins. »
Eux, de leur côté, ont toujours épaulé leur fille avec bienveillance, respect et encouragement. Jusqu'à ce qu'elle prenne le témoin : « Aujourd’hui, avec papa on échange plus au niveau scientifique, technique. Ma mère étant médecin-chef dans un centre de réadaptation il nous arrive de discuter de cas ensemble et surtout elle m’a beaucoup aidée sur le plan des compétences humaines et relationnelles. » Et quand ses parents aussi prennent son avis, c’est pour le Dr Agathe Lechevalier une consécration et une belle reconnaissance professionnelle !
Un syndrome familial
Le Dr Vanessa Fortané, généraliste à Bury, dans l'Oise, est issue, elle aussi d’une famille de blouses blanches : « Je me suis installée dans le même cabinet que mon oncle et mon père. J’ai un cousin médecin aussi, un oncle kiné et deux membres de ma famille proche sont infirmière, une autre manipulatrice radio. » C’est en 3e qu’elle commence à songer à la médecine. « Être pédiatre était comme un syndrome un peu idéalisé de la fonction : sauver l’enfant fragile. » Mais elle choisit finalement de devenir généraliste ! Son père l'a toujours soutenue sans en faire trop. La famille n’a pas fait non plus pression pour son installation. « Je ne m’imaginais pas en milieu rural et si mon père et mon oncle ne trouvaient pas de remplaçants, moi je travaillais à Amiens je ne désirais pas aller m’enfermer en pleine campagne picarde. Puis, j’ai commencé à me poser des questions. Là où ils exerçaient, il pouvait y avoir des conditions intéressantes de travail, une MSP, un secrétariat existant. J’ai finalement franchi le pas et j'ai été accueillie par deux personnes bienveillantes. Cela a facilité l’intégration, même si je me suis créée ma propre patientèle. » Exercer avec des proches n'a semble-t-il pas perturbé les rapports familiaux, comme l'explique le Dr Fortané. « Les relations ont toujours été d’égal à égal, on échange comme des collègues aussi bien sur le plan médical qu’organisationnel. Ainsi réticents à l’accueil de stagiaires, ils ont finalement acceptés et trouvés alors des remplaçants ! »
A.C.
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