L’exercice libéral, c’est comme le vélo : une fois que l’on est parti, il est assez facile de garder l’équilibre et d’éviter les obstacles. Mais le jeune praticien qui s’élance sur les routes de la médecine de ville a souvent l’impression que la moindre bévue peut lui être fatale. C’est pourquoi Le Généraliste a demandé à ceux qui accompagnent les libéraux débutants au quotidien de lister les erreurs les plus fréquemment commises par les praticiens qui veulent s’installer : un jeune médecin averti en vaut deux !
Erreur n° 1 : Confondre vitesse et précipitation
« L’installation, c’est un projet qui se mature », explique d’emblée le Dr Laure Dominjon, présidente du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reagjir). Du choix du lieu d’installation à celui du mode d’exercice, il convient de prendre le temps de s’assurer que l’on va atterrir dans un environnement qui correspond à ses aspirations. Préfère-t-on travailler seul ou en groupe ? Uniquement avec des médecins ou avec d’autres professionnels ? Autant de questions qu’il convient d’étudier attentivement avant de se lancer. Mais comment connaître la réponse quand on n’a pour point de référence que les stages chez le praticien effectués pendant l’internat ? Pour Laure Dominjon, il existe un outil simple : le remplacement. « Faire des remplacements permet d’explorer les différentes possibilités », indique la militante.
Erreur n°2 : Voir les choses à court terme
« L’installation, ce n’est pas un projet à horizon 2 ans et demi », rappelle Cécile Jonathan, chef de projet « installation » à l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Île-de-France. Le futur libéral doit donc se rappeler que bien des choses peuvent se passer une fois qu’il aura vissé sa plaque : arrivée d’enfants, mariage, etc. « Les médecins subissent une pression très forte, il faut qu’ils aient à l’esprit leur confort et qu’ils puissent l’imaginer sur un temps un peu long », avertit Cécile Jonathan. Celle-ci met notamment en avant l’importance du temps de transport. « Rien n’est immuable, mais il est tout de même un peu plus compliqué de modifier son organisation une fois qu’on a une patientèle importante », détaille-t-elle.
Erreur n°3 : Négliger l’administratif
Le Conseil départemental de l’Ordre des médecins (CDOM), l’Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d'allocations familiale (Urssaf), la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf), les assureurs divers… Le jeune médecin ne manque pas d’interlocuteurs administratifs. « Beaucoup de jeunes médecins ne se rendent pas compte de toutes les démarches qu’il y a à faire, déplore Laure Dominjon. Du fait de leur manque de préparation, certains ne sont pas dans les clous. » Même constat de la part de Cécile Jonathan. « Il faut prendre conscience du fait que dans la semaine de travail d’un médecin, les consultations s’enchaînent mais il faut aussi garder du temps pour les démarches administratives, rappelle la responsable de l’URPS. C’est un aspect parfois un peu négligé, alors que le médecin qui s’installe devient chef d’entreprise. »
Erreur n°4 : Se comporter davantage en cigale qu'en fourmi
Étant donné la pénurie médicale que connaît le pays, le jeune généraliste qui s’installe n’a a priori pas trop de souci à se faire quant à l’équilibre financier de son entreprise. Ce n’est pas une raison pour ne pas être prévoyant. « Il ne faut pas forcément voir trop grand au début dans les choses que l’on achète », conseille Laure Dominjon. Garder de l’argent de côté peut en effet permettre de faire face aux impondérables. Il ne faut par ailleurs jamais oublier que les Urssaf, qui prélèvent un montant forfaitaire les deux premières années d’exercice, se basent sur le chiffre d’affaires dès la troisième, ce qui peut changer la donne. Pour amorcer sa caisse en début d’exercice, Cécile Jonathan conseille d’ailleurs de « ne pas hésiter à souscrire un emprunt, vite remboursé, qui permettra d’avoir de la trésorerie ».
Erreur n°5 : Se croire seul au monde
On pourrait continuer longtemps à lister les difficultés qui attendent les jeunes médecins qui s’installent, mais heureusement, ceux-ci pourront aussi faire appel à des structures ou personnes compétentes en cas de difficulté. Les comptables, les CDOM, les Urssaf, les Agences régionales de santé (ARS) peuvent répondre aux questions qu’ils se posent. Et puis, il y a les URPS (l’union francilienne organise régulièrement des permanences installation) et les syndicats comme Reagjir (qui va bientôt mettre à jour son guide de l’installation) pour assister le jeune installé.
A.R.
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