Sensibiliser les médecins, en particulier les jeunes, et offrir des outils de prévention primaire et tertiaire sont des solutions pour l’évitement du burn-out. Marie Pezé, Docteur en psychologie, psychanalyste, responsable du réseau de consultations Souffrance et travail, lors d’une table ronde organisée en septembre par l’association SPS (Soins aux Professionnels de Santé) dénonce deux grands dangers caractéristiques des professionnels de santé : l’épuisement dû à la surcharge de travail et l’isolement qui touche particulièrement les libéraux dans leur pratique.
Élaborer un cadre
Établir des règles et vivre aussi « une vie hors médecine », prendre soin de soi, savoir dire non, connaître ses limites, donner du sens et recréer du collectif et du lien, c’est de son côté ce que préconise le Dr Florence Bennichoux, qui à cette même table ronde se présente comme "médecin préventeur", spécialiste de la santé au travail.
Interrogé sur la prévention du burn-out chez son tout jeune confrère installé, ce médecin généraliste senior parisien sourit : « Je crois qu’il sait s’en prémunir. Depuis deux ans qu’il travaille, il s’est très bien organisé. Il va chercher ses enfants à l’école à 18h deux fois par semaine, sa femme travaille bien sûr. Il ne prend des patients essentiellement que sur rendez-vous et consulte un samedi matin sur deux. Enfin il se partage entre deux cabinets, évitant la monotonie et l’enfermement. » Un rythme et des règles qui semblent convenir à ce jeune praticien qui a su se protéger !
Même au début, en parler
Mais si on a le sentiment, même diffus, de trébucher, de perdre pied, c’est tôt qu’il faut ainsi réagir et le premier conseil donné par la communauté médicale est le dialogue ! Il est ainsi essentiel d’avoir des échanges entre confrères : l’Isnar-IMG, dans un guide pratique sur le sujet, conseille en prévention primaire le dialogue informel qui permet « de lever le tabou du burn-out en amont avec ses collègues, sa famille…. » !
La confraternité reste essentielle. « Au-delà d'une obligation morale, l’assistance aux confrères dans l’adversité est une obligation déontologique comme le souligne l’article 56 du code de déontologie médicale, souligne sur son site le Conseil national de l'Ordre. L’entraide confraternelle s’adresse à tous les médecins inscrits au tableau qui rencontrent des difficultés, qu’elles soient ponctuelles ou durables, financières, sociales, professionnelles, personnelles ou relatives à leur état de santé. »
Des solutions efficaces
Un numéro vert, gratuit anonyme, respectueux de la confidentialité, mis à disposition par le Conseil national de l’Ordre des médecins le – 0800 288 038, est disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ce service d’écoute téléphonique oriente le médecin vers l’organisme adéquat : conseil départemental, association d’entraide, service Entraide du Conseil national de l’Ordre des médecins, établissement de soins ou toute autre structure utile.
L’association SPS propose, elle, une Plateforme d’écoute à travers le numéro vert et gratuit le 0 805 232 336 qui oriente vers une prise en charge psychologique gratuite sur tout le territoire. En plus, elle a développé, une approche par une application, Plateforme SPS téléchargeable gratuitement sur le smartphone. Des psychologues sont disponibles 24 heures sur 24 pour écouter, soutenir, orienter. Par ailleurs, leur liste et leur accès sont visibles en temps réel. Le médecin peut choisir un psychologue et être aussi mis en relation avec lui, sans attente, sans rendez-vous et sans répondeur. Il peut aussi ultérieurement rappeler le même psychologue pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Ailleurs et porté par l’URPS médecins libéraux Paca, Med'Aide se présente comme un dispositif tourné vers la prévention et le dépistage. On retrouve sur le site, un questionnaire d’auto-évaluation qui mesure son état d’épuisement. Ensuite, des médecins « Guetteurs Veilleurs » identifient le malaise et vous pouvez trouver une équipe de soutien !
Enfin l’ultime recommandation de prévention et d’accompagnement dans cette lutte contre le burn-out consiste à encourager les médecins à prendre un médecin traitant… autre que soi-même. En France, selon l'Ordre, 80 % des médecins n’ont pas de médecin traitant personnel. Ils privilégient l’autodiagnostic et l’automédication ou recherchent un conseil rapide auprès d’un confrère. Ce n’est pas raisonnable pour anticiper un burn-out !
Au-delà de la ligne jaune
Et s’il faut se faire soigner, certaines ARS sont en train de mettre en place des unités dédiées en hospitalisation complète ou ambulatoire pour offrir une prise en charge adaptée aux professionnels de santé.
Enfin pour ceux qui veulent aller plus loin et aider leur communauté, un Diplôme inter-universitaire spécifique intitulé « Soigner les soignants » dépendant de l’Université de Toulouse-Rangueil et Paris-Diderot est accessible.
A. C.
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