L’ajout d’une 4e année au DES de médecine générale était un peu un secret de polichinelle. Les textes de la réforme du troisième cycle prévoyaient cette possibilité et après des années de désaccords entre enseignants et étudiants sur le sujet, ces derniers semblaient enfin disposés à travailler main dans la main avec les ministères sur la future maquette. Malgré tout, l’officialisation et l’intégration de la mesure dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2023 ont fait l’effet d’une bombe et immédiatement mobilisées les internes.
« Ce qui a crispé les internes – et à juste titre – c’est l’article dans le Journal du dimanche ; ainsi que la sensation d’un passage en force de la quatrième année dans le PLFSS 2023. Mais ça ne correspond pas à la réalité. Le ministère voulait juste inscrire cette quatrième année dans la loi, puis laisser la mission préparer la rentrée 2023 », confie une source proche du dossier au Généraliste. L’article paru le 23 septembre et intitulé : « Le gouvernement va envoyer de jeunes médecins généralistes dans des déserts médicaux » a provoqué une levée de bouclier car il sous-entend des volontés de coercition dans le projet. « Cette fuite au JDD, imprévue, nous a fait du mal et nous complique même la tâche. Nous imaginons qu’elle vient de personnes voulant mettre de l’huile sur le feu », ajoute-t-elle.
Un moyen d'éviter le pire ?
Immédiatement, le gouvernement a tenté de désamorcer la polémique : par François Braun depuis les universités d’été de la CSMF, puis par communiqué avant même la présentation du PLFSS. Et la présence du ministre de la Santé et de celle de l’Enseignement supérieur ce jeudi 29 septembre aux États généraux de la formation et de la recherche médicales était l’occasion idéale de rassurer à nouveau.
Car si le Pr Didier Samuel, président de la Conférence des doyens de médecine, a déclaré que la Conférence « soutenait cette 4e année dans le cadre d’un Dr Junior », il a spécifié qu’il souhaitait « des mesures incitatives plutôt que coercitives ». Une volonté en ligne avec celle des ministères de tutelle. « Ce sera une incitation et sûrement pas une coercition, car cela ne fonctionnerait pas », a souligné François Braun reprécisant une nouvelle fois que le déroulement en zones sous denses sera « encouragé ».
Différents arguments pour différents publics
Pour les ministères, la tâche est ardue. Il s’agit de jongler entre les pressions de plus en plus grandes de la population et des députés pour l’accès aux soins et les inquiétudes, justifiées, des étudiants qui refusent d’être les dindons de la farce et de payer pour les politiques de santé antérieures. Un équilibre que Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, a résumé dans son discours en évoquant cette quatrième année : « le besoin est compris par nos concitoyens et les vigilances des étudiants et des internes sont entendues ». Et comme un mantra pour elle-même et les acteurs qui travailleront à cette année supplémentaire mais aussi peut-être à destination des députés, elle a ajouté : « il faut désormais travailler pour que ce soit l’incitation qui mobilise toutes nos énergies aujourd’hui ».
Car selon certains, symboliquement cette quatrième année est aussi pensée comme un bouclier pour éviter pire. « François Braun essaye de protéger les étudiants. C’est pour cette raison qu’il présente cette quatrième année comme un élément de réponse à la désertification médicale. Il craint, lors du PLFSS, que les parlementaires aillent plus loin… jusqu’à la coercition », analyse une source proche du dossier.
Un affichage qui permettra peut-être de calmer les velléités de coercition de certains. Et devant les universitaires, qu’ils soient enseignants ou étudiants, François Braun préfère mettre en avant l’argument susceptible d’emporter l’adhésion de l’auditoire : celui pédagogique. « Cette quatrième année n’est pas pour envoyer au front les jeunes recrues mais pour parfaire une formation polyvalente et exigeante », a-t-il appuyé.
« Cette quatrième année ambulatoire sera professionnalisante et facilitera l’installation des médecins dont l’exercice s’est considérablement modifié ces dernières années. Elle sera assortie d’un projet pédagogique co-construit avec toutes les parties prenantes », a-t-il détaillé.
Désormais les ministères de tutelle veulent mettre l’accent sur la concertation qui va s’ouvrir avec les quatre personnalités nommées par le gouvernement. « Le travail de concertation de mise en place et de conception est nécessaire à cette réforme », a affirmé Sylvie Retailleau. Dès cet après-midi, les quatre acteurs de la mission devaient ainsi rencontrer les représentants des étudiants et internes.
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