Accès à l’internat : enfin une réforme utile ! salue une mission flash, tout en proposant des ajustements

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Publié le 20/11/2025
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Internes mieux préparés, projet professionnel mieux ficelé, niveau minimal requis : la réforme de l’accès au troisième cycle des études de médecine produit des effets positifs, salue un rapport parlementaire. Mais l’organisation des Ecos reste lourde, la pression sur les étudiants reste forte et les redoublements stratégiques continuent.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est un premier bilan positif de la réforme de l’accès à l’internat qui a été dressé, le 18 novembre 2025, en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. « Cette réforme constitue d’ores et déjà un progrès pour les étudiants en médecine et, à terme, pour la qualité et la sécurité des soins », s’est même enthousiasmé le député Jean-François Rousset, rapporteur d’une mission « flash » sur la réforme de l’accès au troisième cycle des études de médecine, votée en 2019 dans la loi de santé et entrée en application à la rentrée 2023.

Pour rappel, cette réforme a amené plusieurs changements majeurs dans l'accès à l’internat dont l’organisation des sessions d’épreuves dématérialisées nationales (EDN, ex-ECN) en début d'année (et non plus à la fin), la création des fameux examens cliniques objectifs et structurés (Ecos), la mise en place de notes minimales et un changement dans la procédure d'affectation à l'internat.

Cela rompt avec l’idée que tous les étudiants peuvent devenir médecins (…) mais c’est au bénéfice de la qualité et de la sécurité des soins

Jean-François Rousset, rapporteur d’une mission « flash »

Le député (Ensemble pour la République) et ancien chirurgien a pointé l’effet positif des notes minimales* aux épreuves du concours. « Grâce à ce seuil minimal requis, le niveau moyen des futurs internes devrait croître (…) Le retour des enseignants et des chefs de service est déjà très encourageant. Ils voient des internes plus motivés et mieux formés qui ne passent pas six mois à découvrir le contact avec un malade. Ils savent palper, ausculter, etc. C’est une vraie réussite », a-t-il souligné, constatant que plus de 95 % des candidats atteignaient la note minimale après la session de rattrapage des EDN organisée en janvier. Et pour les rares candidats en situation d’échec, à qui l’accès en troisième cycle n’est plus possible, le rapporteur recommande de les accompagner vers d’autres professions de santé. « Cela rompt avec l’idée que tous les étudiants peuvent devenir médecins, sans contrôle des connaissances minimales. Mais c’est au bénéfice de la qualité et de la sécurité des soins », a-t-il assumé.

Autre point très positif : la réforme prépare mieux les futurs internes à la pratique. « L’évolution du calendrier des EDN [désormais en début de sixième année, NDLR] a revalorisé les stages de sixième année », souligne Jean-François Rousset, « permettant aux étudiants d’acquérir les compétences attendues pour les Ecos ». Plus largement, « le deuxième cycle a été orienté vers le développement des compétences et l’enseignement par simulation, dont la plus-value a été unanimement saluée », a-t-il ajouté.

La réforme améliore aussi l’orientation professionnelle. « La nouvelle procédure d’appariement semble mieux adaptée aux aptitudes et souhaits des futurs internes, certains voient leur rang varier de 500 places selon le groupe de spécialité », constate Jean-François Rousset.

Par ailleurs, même si elle reste peu discriminante sur le classement, la note de parcours incite les étudiants à réfléchir à leur projet : une évolution très positive, estime encore le rapporteur. L’ancien chirurgien recommande néanmoins de « renforcer la pondération des connaissances de rang B aux EDN afin que les classements par spécialité jouent pleinement leur rôle d’orientation selon les connaissances et les compétences des étudiants ».

Limites et pistes d’amélioration

Malgré ces avancées notables, plusieurs ajustements sont nécessaires pour alléger la réforme.

D’abord, « l’organisation des Ecos est sans doute trop lourde pour les universités. À mesure que la filière s’habituera à ces modalités d’évaluation, il sera possible de desserrer les conditions sans doute excessives du déroulé de ces épreuves », a avancé Jean-François Rousset. Pour soulager les facultés, le rapporteur propose une désynchronisation nationale des Ecos, une diminution des stations évaluées (aujourd’hui fixées à dix) ou encore une révision de la composition des binômes d’évaluation.

Les étudiants ont l’impression de devoir acquérir le niveau de connaissances en deux années au lieu de trois

Jean-François Rousset

Pour alléger la pression sur les étudiants et limiter les redoublements dits « stratégiques » en cinquième année, le rapporteur recommande de réduire encore le volume de connaissances à acquérir durant le second cycle. « Les modifications apportées au programme du second cycle ont été trop marginales et la charge insuffisamment décompressée. Il faut ventiler ces connaissances entre le premier et le troisième cycle, a-t-il expliqué. Les étudiants ont eu l’impression de devoir acquérir en deux ans ce qui était demandé en trois ans. » Ce contexte (de mise en place de la réforme) a contribué à l’augmentation des redoublements, avec 11 % d’internes en moins en novembre 2024. « Il est nécessaire d’améliorer la communication nationale pour mieux accompagner les étudiants et ramener les redoublements (hors notes minimales) à leur niveau d’avant la réforme », a ajouté le rapporteur.

Vers une régionalisation accrue de l’internat ?

Last but not least, la mission flash suggère le renforcement de la régionalisation de l’organisation de l’internat. « Pourquoi ne pas réfléchir à un système d’attribution de points supplémentaires pour valoriser l’attachement régional des étudiants ? Autrefois, on avait un concours régional ! On passait trois concours dans des régions différentes. Il y avait des passerelles et des échanges inter-CHU. Ce n’était peut-être pas une si mauvaise organisation que ça », a glissé l’ancien praticien. Mais le député anticipe déjà les écueils. « Si on se dirige vers ça, il ne faudrait pas mettre une région en difficulté par rapport à une autre et maintenir un niveau comparable dans chaque faculté, tant sur le plan de l’équité des épreuves que sur leur préparation ». Toujours est-il que, pour Jean-François Rousset, cette réorganisation des études « semble aller dans le sens de l’histoire ».

Pour rappel, une proposition de loi de la sénatrice LR Corinne Imbert allant vers une « territorialisation de l’internat » a récemment été adoptée par la chambre haute du Parlement et doit être prochainement discutée à l’Assemblée nationale.

*14/20 aux connaissances de rang A dans le cadre des épreuves dématérialisées nationales (EDN) et une moyenne de 10/20 à l’issue des Ecos.


Source : lequotidiendumedecin.fr