D'un burn out à l'accompagnement d'étudiants en souffrance… Le parcours d'Elena Fournier a changé de trajectoire en septième année de médecine à Fort-de-France, en Martinique. L'interne a mis son cursus en mode pause après un grave burn out. Forte de sa propre expérience d'épuisement professionnel, la jeune femme a décidé de créer "Colibri libre", une entreprise d'aide et d'accompagnement en ligne pour les étudiants en souffrance.
Remise en question
Le projet d'Elena a émergé doucement avant de devenir une évidence. Il est le fruit de la remise en question de son engagement - déjà bien avancé - pour la médecine. « Garde après garde, j’ai accumulé une immense fatigue et senti croître une dissonance. Je ne trouvais plus de sens dans ce que je faisais. C’était presque impossible d’accepter que j’avais fait tout cela pour rien ! J’ai mis un certain temps à le reconnaître et surtout à pouvoir le verbaliser. Ça a pris du temps avant d'être clair. Puis en début de l’internat et en 7e année, j'ai fini par admettre que je n’avais plus envie de continuer… Et épuisée, j'avais peur de devenir un mauvais médecin… », confie la jeune femme.
Épanouie en début de cursus
Et pourtant, fille et sœur de médecins, Elena – qui reconnaît avoir une grande capacité de travail - entame brillamment ses études à Montpellier (en 2016) et les poursuit à Nîmes. « Épanouie au début de mon cursus, tout s’est très bien passé », se remémore-t-elle.
Puis, cumulant 12 à 14 heures de travail, sept jours sur sept et les stages à l'hôpital, les cadences infernales génèrent fatigue, attaques de panique et doutes. « Tout est devenu difficile. J’ai dégringolé petit à petit, jusqu’à la préparation du concours en 5e année. Là, un mois avant les ECN, j'ai complètement craqué… », précise-t-elle. À marche forcée, l'étudiante s'accroche et débute son internat en Martinique. Mais en mars dernier, l'épuisement la rattrape. Il lui vaut une phase de décompensation avec arrêt de travail. C'est le coup de grâce après sept ans d'engagement dans le soin !
Alors, comment survivre aux études de médecine ? Dans un système de santé en déliquescence, Elena est loin d'être un cas isolé.
Une communauté Entraide Santé Mentale
Dans un premier temps, la jeune interne prend l'initiative de constituer une communauté : Entraide Santé Mentale sur Facebook. « Je me suis dit qu’aider d’autres internes en difficulté allait me permettre de relativiser… ». Créé en mars 2023, le groupe prend vite de l’ampleur. Les témoignages de carabins en souffrance, mais pas forcément prêts à arrêter la médecine, se multiplient. Beaucoup vont mal, voire très mal ! Et Elena qui a pris le temps de se documenter et de participer à des séminaires sur le burn-out, organise des visioconférences thématiques et des webinaires.
Et celle qui se projetait soignante, retrouve progressivement repères et valeurs dans cet accompagnement. « Je me suis sentie plus à ma place en aidant les internes et les externes à se sentir mieux dans leur cursus médical, qu'au sein de l'hôpital. ». Alors Elena obtient une mise à disponibilité de six mois (éventuellement renouvelable) avant d'entériner sa décision de tout lâcher. Elle lance sur les réseaux sociaux, sa petite entreprise de coaching qu'elle appelle "colibri libre". Du nom d'un tout petit oiseau, symbole pour les Amérindiens, de l'engagement et de l'action. Encore perfectible, "Colibri libre" prend petit à petit son envol. La prochaine étape prévoit d'étoffer l'offre par une partie d'accompagnement en présentiel.
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