Après plus d’un an de crise sanitaire et une mobilisation sans faille, les internes de médecine générale ne veulent plus être une variable d’ajustement des hôpitaux.
Pour gérer les différentes vagues épidémiques, les CHU réorganisent les services et appellent notamment en renfort les internes de médecine générale en stage ambulatoire. « Des demandes visent actuellement à réaffecter vers l’hôpital les internes en stage ambulatoire sans leur accord ni consultation des maîtres de stage des universités vers les hôpitaux », expliquent l’Intersyndicale des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et le syndicat national des enseignants de médecine générale (Snemg) dans un communiqué commun.
Pressions sur les DMG
En novembre 2020, Olivier Véran avait promis aux internes que les réaffectations se feraient sur la base du volontariat, mais en l’absence de texte de loi sur le sujet, le flou demeure et permet donc que dans certaines régions une pression soit mise par les CHU sur les départements de médecine générale pour « récupérer » les IMG en stage ambulatoire. « Ces demandes sont irresponsables et la pression faite sur les Départements Universitaires de Médecine Générale pour accepter ces mesures est inadmissible. Une organisation claire et cadrée du système de santé doit prévaloir sur l’absence de dialogue, reflet de l’ignorance de l’exercice de la médecine générale par les personnes de qui elles émanent », soulignent l’Isnar-IMG et le Snemg. Dans le pire des cas, lorsque la situation est trop critique, des réquisitions peuvent être mises en place, mais les réaffectations doivent rester sur la baise du volontariat, plaident les IMG.
Par ailleurs, déshabiller la ville pour remplumer l’hôpital n’est pas non plus une solution sur le long terme. « Dans le contexte actuel, les IMG en stage ambulatoire sont utiles aussi pour aider à la vaccination », ajoute Morgan Caillault, président de l’Instar-IMG. Sans parler, en lien avec la crise sanitaire, de la prise en charge des patients avec « des problématiques de santé mentale, de précarité, de rupture de suivi, sortant d’hospitalisation ou voyant leur hospitalisation repoussée ». Les IMG sont donc aussi utiles en cabinet pour aider dans cette crise sanitaire que dans les hôpitaux.
Et même pour la gestion des internes à l’intérieur des hôpitaux, les représentants des internes regrettent encore une fois un manque de dialogue. « Certains CHU refusent qu’il y ait des internes à l’intérieur des cellules de crise des établissements, donc les internes sont affectés sur un service ou un autre un peu aléatoirement, sans connaître les plannings », regrette Morgan Caillault.
Non catégorique au prolongement des stages
Alors que la crise sanitaire dure, pour les internes il s’agit aussi de ne pas mettre en danger leur formation plus longtemps. La proposition du ministère de la Santé la semaine dernière de prolonger d’un mois les internes dans leur stage actuel a donc généré une levée de boucliers chez les principaux concernés et leurs représentants. En effet, cette proposition a été mise sur la table lors de la réunion sur la mobilisation des étudiants en médecine, les internes sont normalement censés changer de stage le 3 mai. Déjà l’année dernière, lors du premier confinement, une telle mesure avait été mise en place. Mais un an plus tard cette option est désormais inacceptable. « Les internes y sont tous opposés. Ils ont le sentiment de n’être que des pions et d’être délaissés par les pouvoirs publics. Il y a an, c’était compréhensible, plus aujourd’hui », explique Morgan Caillault. D’autant plus que les internes, à un mois de leur prochain stage, ont déjà pris leurs dispositions pour s’organiser, se loger, etc, « et surtout ils ne veulent plus que leur formation soit amputée ». Tous les syndicats d’internes se sont donc opposés à cette mesure, un arbitrage est en cours sur le sujet.
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