Tic-tac, tic-tac. Alors que la quatrième année d’internat de médecine générale doit entrer en vigueur dès novembre 2026, les incertitudes persistent quant à son bon déploiement. Y aura-t-il assez de terrains de stages ambulatoires ? Suffisamment de maîtres de stage ? Quelle valorisation des docteurs juniors ?
Après les étudiants et les enseignants, c’est au tour des élus de s’inquiéter du retard pris dans la publication des textes réglementaires pour encadrer cette réforme. Dans une lettre adressée au ministre de la Santé Yannick Neuder, le député Jean-François Rousset (Ensemble pour la République, Aveyron) et 70 parlementaires alertent sur les freins qui pourraient compromettre l’intégration des 3 400 futurs docteurs juniors de médecine générale sur le territoire.
Cadre à assouplir
« Il apparaît essentiel de lever les contraintes empêchant une application complètement efficiente de la loi créant la quatrième année d’internat de médecine générale, lit-on dans le courrier. Un véritable travail d’adaptation, quasiment au cas par cas, aux situations de chaque commune ou communauté de communes est impératif afin d’atteindre les objectifs poursuivis par ce nouveau dispositif », est-il précisé dans le document que Le Quotidien a pu consulter.
Rédigée avec la Dr Claire Lebon, médecin généraliste et présidente de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Sud Aveyron, la lettre formule plusieurs propositions pour « garantir la réussite de la réforme ». Alors qu’il est prévu que les docteurs juniors soient encadrés par des maîtres de stage universitaires (MSU) pour cette année de formation supplémentaire, le député propose d’accorder une dérogation « à ceux ayant accompli les démarches pour l’acquisition de ce statut mais n’ayant pas encore l’ancienneté exigée pour les accueillir ». Cette mesure permettrait d’augmenter rapidement le nombre de tuteurs disponibles et éviter un goulot d’étranglement. « Il y a urgence, n’empêchons pas les MSU qui souhaitent encadrer de pouvoir le faire », avance le député, qui reconnaît la nécessité de prioriser un accompagnement par des MSU confirmés.
Toujours afin de pallier le manque de maîtres de stage, les élus suggèrent d’autoriser l’encadrement partagé d’un même docteur junior par plusieurs MSU (permettant un relais éventuel).
Les parlementaires proposent de surcroît de faciliter la mobilité des binômes médecin-docteur junior vers d’autres structures de soins (sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires, équipes de soins primaires, CPTS) afin de répondre aux besoins des territoires.
Sites secondaires
Autre frein soulevé par les parlementaires : la rigidité des conditions d'exercice multisite. Dans certains territoires sous-dotés, la possibilité pour un médecin d'exercer sur plusieurs sites permettrait pourtant d'assurer une meilleure répartition des soins. « Or, l’ouverture d’un site distinct reste aujourd’hui contrainte par un système de déclaration préalable encore trop complexe », lit-on. Face à cette problématique, les signataires appellent à simplifier les procédures, notamment en confiant aux CPTS un rôle accru dans la validation des besoins locaux.
Les parlementaires plaident également pour une meilleure articulation entre les facultés de médecine et les acteurs de terrain. Une coordination accrue entre les CPTS, les départements de médecine générale (DMG) et les unités pédagogiques de proximité serait bienvenue pour éviter les blocages et ajuster l’offre de formation aux réalités locales. « Enfin, rappelons que tout médecin a intérêt à accueillir un docteur junior car il soulage son activité mais pas seulement : par la transmission des connaissances, il participe à favoriser l’installation et donc à assurer une continuité pour ses patients », avance le député également chirurgien. Les 63 élus espèrent que leur alerte sera entendue et que les propositions formulées seront prises en compte afin d’éviter que la réforme ne se heurte à des blocages administratifs et logistiques.
Contacté par Le Quotidien, le député Jean-François Rousset confie avoir déjà eu un retour encourageant du ministre Yannick Neuder. « Il semble favorable à nos propositions, c’est positif », se réjouit l’élu. Et d’ajouter : « Même si cela a parfois été compliqué, le territoire est en ordre de marche pour accueillir des docteurs juniors : des maisons de santé ont déjà été équipées, des logements ont été trouvés… Il y a vraiment une volonté d’avancer, les habitants sont très heureux d’accueillir ces jeunes médecins ! »
Au total, quelque 350 docteurs juniors devraient effectuer leur année supplémentaire de formation en Occitanie – dont 21 en Aveyron - soit autant de chances, espère-t-il, de les voir s’implanter sur le territoire.
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