Le 12 juin dernier, François Braun a enfin présenté les contours de l’année supplémentaire pour le DES de médecine générale. Cette quatrième année d’internat sera composée de deux stages ambulatoires, et parmi les arbitrages retenus, François Braun a annoncé que la rémunération des docteurs juniors serait composée en partie d’une rétrocession des honoraires (20 %) réalisés.
« Ce type de rémunération, délibérément innovante, fait du « Docteur junior » en médecine générale un professionnel confronté à la réalité de l’exercice libéral, ainsi qu’aux modalités très concrètes d’encaissement et de gestion des honoraires », a déclaré le ministre de la Santé et de la Prévention.
Un choix qui irrite les représentants de la médecine salariée en ville. En effet, dans une lettre ouverte adressée au ministre de la Santé, l’Union confédérale des médecins salariés de France (UCMSF)*, déplore « une année dédiée au seul modèle d’exercice de la médecine libérale ».
Un choix anti-prévention
Pour l’UCMSF, cette décision « écarte les modes d’exercice salariés de la médecine générale qui portent la santé publique et des missions de prévention et d’accès aux soins pour tous, et notamment les plus vulnérables ». Un choix qui exclura aussi de nombreux terrains de stages : centres de santé, services de PMI ou de santé scolaire, centres de santé sexuelle ou encore les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic, regrette encore la lettre.
« Ce choix d’utiliser les jeunes médecins aux seules fins de pallier la pénurie des soins curatifs entretient une politique de santé court-termiste dont nous ne sortons décidément pas ! »
Les médecins salariés soulignent aussi que cela va à l’encontre des souhaits d’exercice de nombreux jeunes médecins et moins jeunes. « Les derniers éléments publiés en juin sur la démographie médicale (atlas de la démographie médicale 2023 de l’Ordre National des Médecins) montrent que 55 % des médecins généralistes inscrits à l'Ordre n'ont pas un exercice libéral régulier 13 ans après leur inscription à l'Ordre en tant que médecin généraliste », note la lettre.
Le salaire (maximum, ndlr) de 4 500 euros net pour ces docteurs juniors en quatrième année, heurte aussi l’UCMSF.
« Comment expliquer cette rémunération très supérieure à celle des autres internes en spécialité de 4e année ? Et comment la justifier au regard de la grille salariale actuelle des médecins salariés non hospitaliers du secteur public qui débutent leur carrière au Ministère de l’Éducation Nationale ou dans les collectivités locales avec un salaire de 2 500 euros à 3 000 euros par mois, à peine supérieur à celui des internes ? », s’interroge-t-elle.
L’UCMSF en profite donc pour redemander la création d’un statut commun de médecins salariés non hospitaliers, « pour rétablir l’attractivité de la médecine dans le domaine de la santé publique et de la promotion de la santé, des soins préventifs et/ou curatifs, d'inspection ou de contrôle, de la médecine sociale et de la protection sociale ».
Elle souhaite aussi l’instauration d’une 4e année qui laisse réellement un libre choix du mode d’exercice aux jeunes praticiens.
*(qui réunit l’Union syndicale des médecins des centres de santé, le syndicat national des médecins de santé publique de l’éducation nationale, le syndicat national des médecins de PMI, le syndicat national des praticiens de la Mutualité agricole et le syndicat des médecins inspecteurs de santé publique)
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