Cela n'arrive pas qu'aux autres… Près de 6 urgentistes sur 10 (57 %), et plus de la moitié des jeunes médecins (52 %), souffrent d'au moins un symptôme caractérisant le burn-out en France, selon une analyse publiée par un chercheur des Hôpitaux de Marseille. Pour parvenir à ce résultat, il s'est appuyé sur des dizaines d'études incluant 15 000 médecins français.
« On ne s'attendait pas à trouver de tels chiffres en France, où le système de santé est réputé assez protecteur », a commenté auprès de l'AFP le Dr Guillaume Fond, psychiatre et chercheur à l'AP-HM de Marseille, l'auteur de cette "méta-analyse".
Les résultats de son étude, publiés dans le Journal of affective disorders, montrent que près d'un médecin sur deux en France (49 %) souffre d'au moins d'un symptôme de burn-out : épuisement émotionnel, déshumanisation ou perte de satisfaction professionnelle.
Les urgentistes les plus touchés
Ce taux est comparable à celui observé aux États-Unis, « où les médecins sont pourtant beaucoup plus exposés à la violence des patients, notamment avec les armes à feu, et sous la menace permanente d'attaques en justice », pointe le Dr Fond.
Parmi ces médecins, « les urgentistes sont les plus touchés notamment parce qu'ils sont exposés directement à la population générale, sans filtre, et après des heures d'attente qui rendent les patients agressifs ». Avec l'engorgement des urgences, « les urgentistes ont le sentiment que leur travail perd de son sens ». La réduction des coûts et donc du nombre de lits impose aussi aux médecins de « passer beaucoup de temps à chercher des places libres dans les services, ce qui crée des tensions », poursuit-il.
Les gardes accentuent leur épuisement « car cela perturbe complètement leur rythme chronobiologique », ajoute encore le Dr Fond. Chez les jeunes médecins, en CDD pendant de longues années, ce dérèglement biologique s'ajoute à « la peur de ne pas être gardé ».
Dans son étude, le Dr Fond préconise certaines mesures pour lutter contre le burn-out des médecins, comme « la mise en place d'un temps et d'un lieu de repos pendant les gardes », mais surtout la prise en compte de l'épuisement professionnel et de la violence des échanges avec les patients ou les collègues dès la formation.
« On apprend le savoir-faire pendant l'internat, mais pas le savoir être », constate-t-il. Une meilleure prise en charge de l'épuisement professionnel des médecins contribuerait aussi à l'amélioration des soins, selon lui.
(Avec AFP)
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