Sujet de crispation depuis des années, l’ajout d’une quatrième année au DES (diplôme d’études spécialisées) de médecine générale a été beaucoup évoqué lors la campagne présidentielle. Elle a notamment été présentée par certains comme solution miracle pour repeupler les déserts médicaux. Soutenu également par le candidat Emmanuel Macron, l’allongement du DES de médecine générale a donc de grandes chances de voir le jour.
Mais pour les étudiants, il est hors de question que cela se fasse dans la précipitation. Si les internes ont longtemps opposé une fin de non-recevoir à l’idée d’une 4e année, la porte n’est plus fermée et ils travaillent aujourd’hui avec les enseignants sur la forme qu’elle pourrait prendre. Mais il reste encore beaucoup à discuter. La rumeur court régulièrement dans certains départements de médecine générale que l’allongement pourrait être décidé dès 2022 et, si rien n’est officiel, le bruit est assez insistant pour que les internes prennent position sur le sujet.
Réunie en conseil d’administration ce week-end, l’intersyndicale des internes de médecine générale (Isnar-IMG) a voté une motion pour s’opposer à la mise en place d’une 4e de DES à la rentrée 2022.
« Jusqu’à présent nous n’avions pas discuté du calendrier. Mais étant donné tout ce qui s’est passé avec les présidentielles, nous voulions acter clairement que la rentrée 2022, ce n’est pas possible », explique Mathilde Renker, présidente de l’Isnar-IMG.
Encore trop de zones d'ombre
Une mise en place dès la rentrée 2022 serait particulièrement difficile à concevoir pour les étudiants qui vont devenir internes à l’automne et vont choisir leur spécialité dans quelques mois. « Les textes ne sont pas sortis, le statut de ces étudiants en phase de consolidation n’est pas encore cadré, ce qui représente un frein majeur. Et surtout les 6e année sont en ce moment même en train de plancher sur leurs ECNi », souligne Mathilde Renker.
Il serait donc injuste, pour eux, de faire choisir aux internes une spécialité avec un contenu inconnu. « S’il y a une phase de consolidation, il y aura une refonte de la maquette, un commencement en 2022 est donc impossible, ne serait-ce que pour préserver la santé mentale des étudiants. Ils ont suffisamment de stress pour s’en rajouter avec une année non cadrée ».
De nombreux points restent d’ailleurs à éclaircir sur cette future quatrième année, pour laquelle l’Isnar-IMG dit rester « disponible pour échanger dessus ».
L'Isni opposée à la 4e année
Du côté de l’autre syndicat d’interne l’Isni, et comme le rappelait son président sur les réseaux sociaux, on n’est pour l’instant pas favorable à une quatrième année pour la spécialité, quel que soit le calendrier.
Nous avons demandé à l'@AJMGcontact de réaliser une enquête auprès de tous nos internes de MG adhérents sur la question. Nous la transmettrons à l'ensemble des partenaires institutionnels et défendrons sans relâche la position des internes
— Gaetan Casanova (@CasanovaGaetan) April 29, 2022
Léo Sillion, le président de l’Association des jeunes médecins généralistes (AJMG), nouvelle branche MG du syndicat, expliquait récemment au Généraliste que ce qui était prévu, pour l’instant, pour la mise en place de cette 4e année, était « une catastrophe ».
« Il n’y a pas les bases pédagogiques ou l’encadrement nécessaire. Beaucoup de points n’ont pas été réfléchis », affirmait-il. L’Association mène également une enquête auprès de sa base pour recueillir l’opinion des internes sur cette 4e année.
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