Parentalité, décompte horaire du temps de travail… les vœux toniques des internes de l’Isni pour 2024

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Publié le 03/01/2024
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Qui dit nouvelle année dit nouveau départ : pour 2024, l’intersyndicale nationale des internes (Isni) compte à la fois s’engager sur de nouveaux fronts et maintenir le cap sur l’essentiel. « Nous allons travailler d’arrache-pied pour la reconnaissance des droits fondamentaux et sociaux des internes », résume Guillaume Bailly, président du syndicat.

Après avoir obtenu la pérennisation de la majoration de 50 % du montant des indemnités de garde en 2023 aux côtés de l’Isnar-IMG et de la FNSIP-BM (internes de pharmacie et de biologie médicale), le syndicat de futurs médecins dresse sa liste de vœux et ses priorités pour 2024.

La plupart du temps, les étudiantes enceintes se voient dans l’incapacité de valider leurs stages

Guillaume Bailly, président de l’Isni

Parmi les priorités : mieux concilier parentalité et internat alors qu’aujourd’hui environ 18 % sont ou deviennent parents au cours de leur troisième cycle. « Il est essentiel de réfléchir à la manière d’adapter les cursus afin que les internes concernés puissent suivre une parentalité sereine. La plupart du temps les étudiantes enceintes se voient dans l’incapacité de valider leurs stages car seulement deux mois d’absence sont permis. Cette règle doit changer ! », défend Guillaume Bailly. L’étudiant en cardiologie – qui avait remis ses propositions à Agnès Firmin le Bodo lorsqu’elle était encore ministre déléguée aux Professions de santé – réclame notamment la mise en place de lieux d’allaitement dédiés comme cela est prévu dans la loi. L’accès aux crèches doit également être facilité. « Certains établissements hospitaliers en disposent mais les places se font rares », pointe l’interne qui invite les collectivités locales à offrir aux étudiants de troisième cycle un accès prioritaire aux crèches.

Internes en situation de handicap : « Nous sommes à poil sur ce sujet »

La reconnaissance et la prise en charge du handicap chez les étudiants en formation demeure également une thématique prioritaire. « Le constat est simple : aujourd’hui nous ne disposons d’aucun chiffre sur le nombre d’internes souffrant de handicap. Il y a une sous-déclaration de ces situations et, lorsqu’elles sont reconnues, les internes bénéficient rarement de locaux et d’emplois du temps adaptés, déplore-t-il. Nous sommes complètement démunis et clairement à poil sur ce sujet », insiste Guillaume Bailly qui envisage d’engager une réflexion accompagnée d’un recensement du nombre d’internes en situation de handicap.

Mise en place sereine de la 4e année

Autre dossier brûlant à suivre, le déploiement de la quatrième année d’internat de médecine générale. « Nous serons extrêmement vigilants pour que cette année soit formatrice et professionnalisante, que les étudiants bénéficient d’un encadrement de qualité, avec un nombre de maîtres de stage suffisants, et qu’ils ne soient pas mis en danger, encore moins les patients », cadre Guillaume Bailly. Toujours en attente de textes complémentaires officiels (dont celui sur la rémunération notamment, NDLR), le syndicat plaide pour une « tarification adaptée au degré d’autonomie des futurs Drs juniors ». Pour permettre aux étudiants de disposer des meilleures conditions de travail, « des logements décents devront également être mis à disposition », réclame Guillaume Bailly.

La plupart des internats sont dans des états catastrophiques

Guillaume Bailly, président de l’Isni

Au sujet du logement toujours, le syndicat a récemment sondé l’ensemble de ses subdivisions sur l’état des internats français. « La plupart sont dans des états catastrophiques et certaines villes comme Paris n’en ont pas », témoigne l’étudiant qui entend remonter les résultats de cette enquête au gouvernement. « Il y a un vrai souci d’engagement financier », accuse-t-il.

Revalorisation des astreintes et décompte du temps de travail

Côté revalos, l’Isni entend continuer son combat pour la revalorisation des astreintes. « Elles n’ont pas été revalorisées depuis un an et sont toujours fixées à 60 euros. Nous demandons qu’elles soient aussi majorées de 50 % », plaide le président de l’Isni.

Cheval de bataille de l’organisation étudiante, le décompte horaire du temps de travail sera également à l’agenda 2024. Déjà engagé aux côtés de l’Isnar-IMG et de la FNSIP-BM dans des procédures judiciaires à l’encontre des CHU de l’Hexagone, le syndicat poursuivra la bataille. « Il faut s’attaquer aux établissements qui dépassent allègrement le temps de travail. Certains d’entre eux imposent parfois jusqu’à plus de 100 heures hebdomadaires aux internes ! ». Sur ce point, l’organisation syndicale dévoilera bientôt les résultats de sa propre enquête sur le temps de travail des carabins.


Source : lequotidiendumedecin.fr