Chaque année les agences régionales de santé (ARS) font remonter les besoins en nombre d’internes pour l’année à venir sur leur région, le ministère tranche ensuite la question en fixant le « quota » d’internes pour chaque territoire.
Cette année ne fait pas exception, et en avril la région Île-de-France devait faire part de ses besoins à l’Observatoire national des professions de santé (ONDPS) pour une nomination en juin du nombre de postes d’internes ouverts à partir de novembre 2022. Mais cette année, l’Union régionale des professions de santé des médecins libéraux (URPS-ML) d'Île-de-France a décidé de monter au créneau contre ce qu’il considère comme une catastrophe à venir.
En effet dans un communiqué commun signé avec le syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP), le président du conseil régional de l’Ordre, le Dr Philippe Garat, l’association inter-URPS francilienne et le conseiller régional d'Île-de-France en charge de la désertification médicale, le Dr Ludovic Toro, l’URPS-ML Île-de-France dénonce les propositions formulées pour le nombre de postes d’internes.
Une proposition de 150 postes supplémentaires
D’après l’URPS Île-de-France, le ministère de la Santé a donné cette année comme consigne une augmentation plafonnée à 3 % des effectifs d’internes au niveau national (soit 45 internes pour la région). Suite au comité régional du 20 avril, l’ARS a fait une proposition d’augmentation de 150 postes, soit 10 %. Deux propositions déconnectées des besoins de la région pour l’URPS.
« L’année dernière déjà nous avions conjointement avec l’ARS fait une proposition pour 149 internes supplémentaires, seulement 11 nous avaient été accordés », relate le Dr Valérie Briole, présidente de l’URPS.
Et cette année, d’autant plus au regard du nouveau zonage publié récemment par l’ARS, l’Union a décidé de monter au créneau. « En sept ans, les zones d’intervention prioritaire ont été multipliées par neuf. Un médecin libéral sur deux a plus de 60 ans, un sur quatre plus de 65. Nous allons perdre beaucoup sur l’offre de soins dans les années à venir », souligne la rhumatologue. Elle évoque également les difficultés actuelles. À l'exemple des listes de gardes de permanence des soins non pourvues et des fermetures de centres d’urgence libérale, avec à la clé de véritables pertes de chance pour les patients franciliens.
L'URPS en veut dix fois plus
Face à ce constat, l’URPS fait sa propre proposition qui a valeur d’électrochoc. En effet, elle estime qu’il faudrait doubler le nombre d’internes franciliens pendant les trois prochaines années et atterrir à 3 000 internes contre 1 500 aujourd’hui.
« Nous ne pouvions pas cautionner ces propositions, sachant les difficultés actuelles qui sont le résultat de choix politiques depuis des années », souligne le Dr Briole.
Pour « absorber » ce nombre important d’internes supplémentaires, l’URPS propose d’augmenter les stages dans les cabinets libéraux, « dans le respect des programmes pédagogiques comme le prévoient les maquettes universitaires », écrit l’Union. Ce qui implique de former des maîtres de stage. « On peut se former », assure le Dr Briole.
Même si la proposition de 1 000 internes supplémentaires dès l’année prochaine a peu de chance d’aboutir, l’URPS refusait « d’être associée à la proposition de l’ARS, estimant que cette demande représente 10 % des besoins territoriaux réels », souligne le communiqué.
« Nous avons une responsabilité parce que nous connaissons la situation. Si nous n’anticipons pas c’est que nous sommes mauvais et que nous contribuons à aggraver la situation pour les Franciliens », ajoute le Dr Briole. Anticiper la situation commence donc par augmenter le nombre d’internes. « Même si ce n’est pas la seule solution. Il y a des choses à faire sur le cumul emploi-retraite par exemple », cite également la présidente de l’URPS.
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