Le courrier, directement adressé au Président de la République, à la Première ministre et au ministre de la Santé et de la Prévention, est parti en fin de semaine dernière (voir ci-dessous). Dans cette lettre ouverte au ton courtois et ferme, le Syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG) s’alarme de la tournure que semble prendre la maquette de 4e année du DES de médecine générale, effective dès cette rentrée de septembre. Les principaux griefs listés sont au nombre de quatre.
Premier point d’achoppement, le fait que cette année d’études supplémentaire soit entièrement centrée sur l’exercice ambulatoire libéral. Or, bien que ce mode d’exercice ait toute sa place, « il est essentiel que la 4e année permette à chaque interne de découvrir et d’approfondir d’autres modes de travail » (salariat, hospitalier, postes partagés…), relève les auteurs de la missive.
Des stages qui n’ont de libres que le nom
Autre élément de ce qui va à l’encontre de ce que souhaitent les internes, le stage libre de la phase d’approfondissement, « revendication de longue date des internes de médecine générale » qui ne garde de libre que le nom puisqu’il est en train « de se transformer en un stage fléché vers seulement quatre spécialités » (pédiatrie, gynécologie, gériatrie et psychiatrie). Le SRP-IMG déplore en outre, que, toujours en matière de stage, le principe souhaité par les internes d’effectuer deux stages distincts de six mois chacun (une organisation plébiscitée par 82 % des internes selon une toute récente enquête sur la pédagogie du DES menée par le syndicat) puisse être substitué par celui d’un stage de 12 mois (6 mois reconduits quasi systématiquement).
L’annonce par François Braun, le 12 juin dernier, d’un plafond de 30 consultations par jour pour les internes en phase de consolidation est aussi source d’inquiétude et d’irritation pour le syndicat, qui n’hésite pas à interpeller directement le ministre : « On voit par ailleurs poindre d’ores et déjà les dérives d’un remplacement déguisé et sous-payé, d’autant plus lorsqu’on lit que le maître de stage universitaire toucherait 80 % du montant des actes réalisés alors que seulement 20 % seraient rétrocédés à l’interne ».
Reporter l’entrée en vigueur d’une année
« Nous sommes véritablement inquiets des conditions dans lesquelles les internes de médecine générale vont être amenés à effectuer leurs études », confie au « Quotidien », le président du SRP-IMG, Cédric Cardoso, qui ne désespère pas de parvenir à faire infléchir l’orientation que semble prendre le contenu pédagogique de cette 4e année de DES. À ce titre, le fait qu’aucun texte ne soit encore paru, - « ce qui est extrêmement irrespectueux envers des étudiants qui devront faire leur choix cet été sans même savoir ce que contiendra la nouvelle maquette » - pourrait jouer en faveur du syndicat. « Il est peut-être encore temps d’influer sur le cours des choses avant que la version finale ne soit publiée au Journal officiel », espère ainsi Cédric Cardoso.
Pour autant, le jeune président de syndicat est persuadé que cette réforme, précipitée, est condamnée à aller droit dans le mur. Pour la simple raison « que les départements de médecine générale, avec les moyens humains dont ils disposent actuellement, ne sont pas en mesure de la mettre en œuvre. Il serait beaucoup plus sain de reporter la réforme, a minima à la rentrée 2024, afin qu’elle soit mise en place dans des conditions sereines », conclut Cédric Cardoso. Le syndicat n’exclut pas, le cas échéant aux côtés d’autres centrales d’internes, un mouvement de protestation à la rentrée si les tutelles restaient sourdes. Pour mémoire, la publication des textes ad hoc concernant la 4e de DES est annoncée pour fin juillet.
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