Le Ségur de la Santé s’est achevé par une dernière réunion vendredi, et après d’ultimes allers-retours dans le week-end, les mesures issues de ces trois mois de négociations ont été arrêtées et devraient être annoncées ce mardi par le Président de la République.
Les internes ont été partie prenante de ces discussions, leur revalorisation et l’amélioration de leurs conditions de travail étant un gros sujet du Ségur. Mais au bout du compte, les internes de médecine générale restent sur leur faim quant aux avancées obtenues. Dans une lettre ouverte au ministre de la Santé, l’Intersyndicale nationale des internes de médecine générale (Isnar-IMG), regrette notamment des mesures décevantes pour la revalorisation des internes.
Une revalorisation en trompe-l’œil
Vendredi, le ministère avait décidé d’augmenter de 33 millions d'euros l’enveloppe financière afin que les internes aient accès à un équivalent SMIC horaire. Mais derrière les annonces saluées par les internes, la réalité est quelque peu différente. « Nous n’imaginions pas que votre calcul se baserait sur 35 heures hebdomadaires pour la première année d’internat », souligne l’Isnar-IMG dans sa lettre. Les internes dépassant déjà allègrement le temps de travail réglementaire qui est de 48 heures, « nous ne comprenons donc pas ce raisonnement », appuie l’intersyndicale. « Cette revalorisation salariale n’est pas idéale, si l’on s’arrête là aujourd’hui, il faudra que ça évolue de nouveau et rapidement dans le futur », estime Anne Goulard, porte-parole de l’Isnar-IMG.
D’autant plus que dans le même temps, sur la revalorisation des gardes, le ministère est allé au-delà des demandes des internes. Une augmentation de la rémunération qui était nécessaire aussi dans ce domaine-là, mais pour l’Isnar-IMG le choix de faire un effort supplémentaire sur les gardes plutôt que sur le salaire de base n’envoie pas forcément le bon message. « Cela prône la logique du “travailler plus pour gagner plus”. Elle menace la qualité de vie des internes, en majorant leurs risques psychosociaux. Il est inacceptable de considérer qu’un interne ait à cumuler des gardes pour accéder à un salaire décent », écrit la structure dans sa lettre. « Si ce sont les gardes que l’on augmente, il y a un risque de rentrer dans une course à l’argent, ajoute Anne Goulard. C’était aussi un moyen d’autorégulation d’offrir aux internes un salaire décent sur le salaire de base pour éviter cela. Mais ce n’est pas le choix qui a été fait ».
Beaucoup de sujets remis à plus tard
Au-delà de la rémunération, l’enjeu principal pour les internes était aussi et surtout d’améliorer leurs conditions de travail et de formation et cela passe par un respect du temps de travail, encore largement dépassé dans la plupart des spécialités. Une des avancées positives du Ségur est l’encadrement réglementaire des demi-gardes, qui devrait être acté pour le prochain semestre. « Un des gros objectifs était aussi de revenir sur ces tableaux de service, prévus dans la loi mais qui sont loin d’être mis en place partout », souligne Anne Goulard. Une des mesures obtenues du Ségur devrait acter l’intégration des tableaux de services au portfolio des internes, « ce qui pourrait donner du poids pour faire respecter notre temps de travail », précise la porte-parole.
Sur le reste, les internes de médecine générale sont encore une fois déçus de ce qui ressort de ces trois mois de négociations. Ils demandaient notamment le passage de cinq à six internes au minimum pour une ligne de garde. « C’était une demande accessible, mais il y a eu un refus en bloc » et aucune négociation possible. Depuis longtemps, le ministère promet aussi des sanctions contre les établissements qui ne respectent pas le temps de travail des internes. Sur ce point, les internes n’ont pas obtenu des engagements plus concrets qu’auparavant. Le calendrier reste flou. « Nous ne savons toujours pas quand les sanctions seront applicables, c’est une incertitude qui n’a pas lieu d’être ».
Enfin sur plusieurs chantiers, le ministère a jugé que le temps du Ségur était trop court pour pouvoir s’y pencher, les renvoyant à plus tard, sans aucune assurance qu’ils soient rouverts. Les internes auraient par exemple souhaité travailler sur la définition horaire des demi-journées, qui n’est pas clarifiée aujourd’hui. « L’objectif est de mettre un cadre, moins ce sera flou, plus nous pourrons tendre vers une organisation adaptée ». « Nous entendons que des mesures solides nécessitent un travail approfondi. Peut-être que la temporalité du Ségur ne s’y prêtait pas. De nombreux groupes de travail, déjà proposés, demandent à être débutés ou poursuivis », écrivent les internes dans leur lettre ouverte qui souligne que malgré une légère avancée, « le chemin reste encore long ».
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