« L'heure n'est désormais plus à la concertation mais bel et bien à l'action. » L'annonce du suicide d'un interne de médecine générale de la faculté de Reims, samedi 20 février, a provoqué l'exaspération de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG). « Des solutions ont été présentées (pour la prévention des risques psycho-sociaux [...] il est temps que les ministères prennent leurs responsabilités », tonne le syndicat dans un communiqué.
Tristan L., âgé de 27 ans, est le quatrième interne à mettre fin à ses jours depuis le début de l'année 2021, souligne le syndicat. Originaire de Rouen, il avait intégré la faculté de Reims en 2017 comme interne de médecine générale.
Sur les réseaux sociaux, l'émotion est vive parmi ses proches et ses camarades de promotion. La doyenne de la fac de Reims, le Pr Bach Nga Pham, a annoncé, via la page Facebook du Comité des Internes de Reims Champagne-Ardenne (Circ), son soutien et ses condoléances aux proches du défunt. En réaction à ce post, la sœur de Tristan Lacoume a révélé les « pressions subies » par le jeune médecin, impliquant des « répercussions désastreuses » sur sa santé mentale. « Ce n'est pas le premier suicide dans le milieu médical et ce ne sera certainement pas le dernier », conclut-elle, amère.
Au delà de l'hommage, des médecins ont exprimé leur désarroi et appelé à une remise en question du modèle de formation des internes en médecine. « Aucun étudiant de PASS, aucun stagiaire, aucun externe, aucun interne, aucun médecin ne devrait se retrouver en burn-out ou se suicider », déclare le Dr Martin Ambroise, généraliste à Dijon, sur Twitter.
Un interne de MG de Reims s’est suicidé par pendaison. A 28 ans. Comme en 2018 quand un interne de MG de Dijon s’était tranché méthodiquement l’artère fémorale, et comme à chaque suicide d’interne, je suis triste et de ma tristesse naît une révolte.
— Dr Martin AMBROISE (@DStetho) February 22, 2021
En attente de « réponses claires » du gouvernement
Pour accompagner les internes, une cellule de soutien psychologique devait être mise en place à partir du mardi 23 février à 13 heures en salle des conseils. Une ligne d'écoute téléphonique dédiée devait aussi être ouverte à l'attention des collègues de promotion du défunt.
Impliquée de longue date dans la prévention des risques psycho-sociaux chez les internes, l'Isnar-IMG avait publié en 2017 une enquête sur la santé mentale des jeunes médecins afin d'alerter les ministères et les doyens d'universités. Mais quatre après, et malgré la création d'un centre national d'appui en 2019 pour améliorer la qualité de vie des étudiants en santé, le constat est sans appel. L'Isnar-IMG relève que le bilan des « 14 autres engagements pris par le gouvernement reste catastrophique ». « Nous sommes exaspérés, déclare Raphaël Dachicourt, premier vice-président du syndicat. Aujourd'hui un interne en difficulté en stage n'a aucun recours. Pourtant, les dépassements du temps de travail légal (au-delà des 48 heures hebdomadaires réglementaires, NDLR) sont récurrents. »
Il y a quelques semaines encore, les associations d'étudiants avaient lancé une campagne (#Pronosticmentalengagé) pour alerter sur l'état psychique dégradé des aspirants médecins.
Attendant désormais des « réponses claires de la part du gouvernement », l'Isnar-IMG n'exclut pas de monter au créneau. Alors que les étudiants ont été pleinement mobilisés pendant la crise sanitaire, l'enjeu sera donc de taille pour le gouvernement.
Aude Frapin
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