À l’occasion du 20e Congrès de l’Intersyndicale des internes de médecine générale (Isnar-IMG) à Tours, l’organisation a présenté les résultats de son enquête sur les conditions de travail des internes en médecine générale.
Il y était notamment question du temps de travail. Le passage à 48 heures hebdomadaires depuis 2015 a dans les faits bien du mal à se mettre en place. Et les résultats de l’enquête viennent une nouvelle fois le confirmer. Un interne sur deux dépasse ainsi le temps de travail hebdomadaire réglementaire, quel que soit son avancement dans la maquette. Ces heures supplémentaires sont bien plus fréquentes à l’hôpital (64,5 %) qu’en stage ambulatoire (15,3 %). Et 3,9 % des IMG déclarent travailler plus de 80 heures hebdomadaires. Les services de médecine d’urgence et de médecine d’adulte sont ceux où le compteur explose le plus.
Des récupérations refusées ou non demandées
La plupart du temps (84 %) ce sont des obligations de services qui contraignent les internes à ces horaires, et il est très difficile pour les étudiants de réussir à faire appliquer la réglementation. Seulement 13,9 % mentionnent à leur département les dépassements et 71,4 % « déclarent ne pas avoir trouvé de réponses à leurs difficultés, rapportées auprès des institutions », relate l’enquête. Par ailleurs, plus d’un quart des IMG (26,20 %), se voient refuser ses récupérations du temps de travail supplémentaire effectué. L’Isnar-IMG constate aussi que souvent ces récupérations ne sont pas demandées. « Un travail de sensibilisation auprès des internes et de leurs responsables pédagogiques semble donc indispensable », affirme le syndicat.
Afin de rendre l’application du temps de travail vraiment effective, le syndicat demande donc l’ouverture d’une réflexion sur la possibilité de définir un volume horaire correspondant à la demi-journée, notion pour l’instant pas explicitée en nombre d’heures. Cela pourrait permettre d’« éviter les dérives ». L’Isnar-IMG demande également à ce que la réglementation soit revue pour que le déclenchement des sanctions financières pour les établissements en infraction soit plus rapide et que les procédures soient plus lisibles. L’organisation réclame aussi la révision systématique des agréments des terrains de stages concernés.
Des demi-gardes mal réglementées
Autre mesure obligatoire depuis 2015 mais qui n’est pas encore automatique : le tableau de service. Seulement la moitié des répondants (51,5 %) en réalise un. 61 % en stage hospitalier et 19,1 % en stage ambulatoire mais dans ce dernier cas, « l’entente directe entre l’interne et son MSU pour poser les demi-journées de formation et les congés semble expliquer un remplissage moins fréquent ». Une petite partie des internes se voient d’ailleurs toujours refuser de disposer de leurs demi-journées de formation universitaire (8,8 %) ou de formation en autonomie (15,5 %). Les IMG eux-mêmes ne demandent pas toujours leurs demi-journées en autonomie. « Il est peu démocratisé et l’interne est souvent amené à négocier et à justifier l’utilité de ce temps, qui n’est pas compris par les encadrants de stage », souligne l’enquête.
Le sujet des gardes est aussi le lieu d’infractions. 36 % des IMG qui ont fait des gardes déclarent ainsi dépasser le service normal de garde et dans plus d’un cas sur deux (56,7 %), ils n’ont pas perçu la compensation spécifique prévue par les textes. Encore plus inquiétant, 2,6 % n’ont pas pu avoir recours à l’avis d’un senior au cours de la garde pour échanger sur la prise en charge des patients. Et 4 % n’ont pas disposé d’un repos de sécurité. « On ne pensait pas que ce soit encore possible, explique Marianne Cinot, qui a coordonné l’enquête. Cela met en jeu la vie des internes mais aussi des patients ». Plus d’un quart des répondants (25,9 %) réalisent également des demi-gardes, mises en place dans certains établissements, le plus souvent pour venir en soutien de la ligne de garde médicale. Dans 50 % des cas, ces demi-gardes n’ont pas donné lieu à un repos de sécurité et 8 % des IMG n’ont pas été payés pour celles-ci.
Afin de limiter les situations où les internes dépassent le service de garde, l’Isnar-IMG réclame donc que la tenue d’une ligne de garde complète soit portée à six internes, contre cinq actuellement. L’intersyndicale veut aussi un retrait de l’agrément d’accueil des internes en l’absence de seniorisation et une réévaluation accélérée des terrains où il y a un non-respect du repos de garde.
Questionnaire relayé par mail et sur les réseaux sociaux. Trente questions sur les conditions de travail au cours du semestre d’été 2018. 940 réponses exploitées. 427 IMG en 2e semestre, 35 en 3e, 351 en 4e, 39 en 5e, et 88 en 6e. Deux tiers des répondants réalisaient un stage hospitalier au cours du semestre étudié.
Les internes de l'Isnar-IMG devraient profiter de la visite de la ministre de la Santé Agnès Buzyn samedi matin au congrès de Tours pour l'alerter sur les résultats de cette nouvelle enquête.
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